
Oberson: le grand virage de la relève
L’histoire d’Alexandra Oberson
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Alexandra Oberson a toujours baigné dans l’entrepreneuriat. Née en 1979 à Cowansville, cette cadette de la famille a grandi dans les différentes succursales de la chaîne de magasins de montagne Oberson, fondée par son père Maurice en 1964. À l’époque, cet immigrant originaire de la région de Gruyères, en Suisse, avait déjà ouvert des boutiques de ski ailleurs au Québec. « J’ai toujours été chez moi dans les magasins Oberson. C’est un peu ma seconde demeure », se souvient celle qui a aujourd’hui 39 ans.
À la fin de ses études en gestion des opérations et de la logistique à HEC Montréal, Alexandra Oberson quitte le nid familial. Direction : Pratt & Whitney et Uniboard notamment, où elle fait ses premières armes professionnelles. Un jour, ses parents lui glissent un mot sur l’ouverture d’un Oberson sur la rive sud de Montréal, à Brossard. Rien d’exceptionnel, sauf que le magasin a déjà été inauguré. « C’est bête, mais être placée devant le fait accompli m’a affectée, avoue-t-elle. J’ai senti que l’entreprise familiale continuait d’évoluer sans moi. » Peu après, en 2000, un poste de gérant adjoint s’ouvre dans le réseau. Alexandra Oberson le postule et l’obtient.
Avec le recul, l’actuelle directrice de la succursale du Quartier DIX30 d’Oberson se rend bien compte que les divers emplois qu’elle a occupés en entreprise lui ont été salutaires. Selon elle, ce bagage d’expérience l’aide à naviguer dans le contexte un peu moins structuré d’une PME.
« Contrairement à une grande entreprise, où on trouve un service pour chaque activité administrative, tu touches à tous les domaines dans une PME. Tu n’as pas le choix de devenir un expert dans tout, mais c’est utile de l’être déjà dans certains aspects. »
Passage du flambeau
À l’été 2016, Alexandra Oberson commence à racheter les parts de son père. Elle n’est pas seule dans le processus de relève entamé officieusement il y a six ans : Daniel L’Écuyer, le directeur de la succursale lavalloise et bras droit de Maurice, se porte aussi acquéreur des parts de ce dernier. À la fin de la transaction prévue d’ici deux ans, Alexandra Oberson détiendra 51 % des actions et M. L’Écuyer, 49 %. « Daniel a été présent à toutes les étapes du développement d’Oberson », souligne celle qui collabore depuis déjà 16 ans avec son partenaire d’affaires.
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Sans M. L’Écuyer, jamais elle ne se serait lancée dans cette aventure à haut risque. « C’est trop majeur comme transaction. C’est pourquoi mon père a pensé à cette stratégie — pour enlever un peu de poids de mes épaules », explique-t-elle. Pour le paternel, c’est aussi une manière d’assurer la pérennité de l’empire qu’il a construit de lui-même, à partir de rien. « En affaires, mon père est assez intransigeant. Il a beaucoup d’attentes et place la barre très haute, même à l’aube de la retraite », confie la femme d’affaires.
Heureusement, la bonne entente règne au sein de la famille Oberson. L’entrepreneure a su faire preuve de patience tout au long de la démarche qu’elle juge « ancrée dans le respect et l’humanité ». « Me chicaner avec mon père et ainsi priver mes trois enfants de leur grand-papa n’aurait pas eu de sens. J’ai mis de l’eau dans mon vin et lui aussi, d’ailleurs », reconnaît-elle.
Un univers en mutation
L’arrivée de nouveaux propriétaires à la tête d’Oberson s’accompagne de stratégies d’affaires novatrices. Parmi elles, des investissements considérables dans le commerce en ligne, qui représente environ 15 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. Il est aussi question d’ouvrir prochainement des succursales dans des marchés « à haut potentiel ».
« Plusieurs régions du Québec sont capables d’accueillir des magasins de 20 000 pieds carrés. Le processus visant à définir, étudier et développer ces marchés devrait aboutir d’ici 18 à 24 mois », signale-t-elle. L’Ouest canadien, un marché pourtant intéressant pour le ski, n’est pas dans la ligne de mire d’Oberson... pour l’instant, du moins.
Un discours à contre-courant de celui qu’on tient actuellement dans le secteur du commerce au détail en proie à une profonde remise en question. « Je pense que le commerce de détail est en mutation, mais pas en voie d’extinction, nuance-t-elle. Des chaînes spécialisées comme la nôtre ont leur place. Les gens frappent à notre porte pour profiter de notre expertise et solliciter les conseils de passionnés de ski et de vélo — pour vivre l’expérience Oberson, en somme. »
Oberson en chiffres
125 : le nombre d’employés en haute saison
15 000 : la superficie en pieds carrés de l’entrepôt Oberson réservé au commerce en ligne
66 : le pourcentage des ventes générées par le ski; le vélo représente 33 % des ventes.
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