Rose Buddha: un succès tissé serré

L’histoire de Madeleine Arcand

Vendredi 1 mars 2019
Madeleine Arcand et Maxime Morin étaient de grandes amies qui travaillaient dans les domaines de la communication et de la scène avant de lancer leur projet entrepreneurial de vêtements et d’accessoires écoresponsables. Elles vivent aujourd’hui leur rêve : faire croître une entité en harmonie avec leurs valeurs et leur amour du yoga et de la méditation.

Le déclic

Legging Rose Buddha avec image

L’intérêt des deux femmes pour l’entrepreneuriat s’est manifesté avec la venue au monde de leurs enfants. C’est à ce moment que, se tournant vers le yoga et la méditation, elles ont entendu l’appel d’un projet qui serait plus en lien avec « ce qui [les] touche vraiment, qui correspond à des valeurs profondes et pour lequel [elles ont] envie d’investir temps et énergie. » Ainsi, sans trop savoir ce à quoi ressemblerait concrètement l’entreprise à venir, elles avaient défini qu’elle aurait une forte dimension écologique et humaine. 

C’est lors d’un voyage à Bali, par hasard, que le regard de Madeleine Arcand a été attiré par un legging de yoga arborant une image colorée. Intriguée par la technique ayant permis un tel type d’impression, elle s’est informée et a appris qu’il était possible de transférer une image par sublimation (un processus écologique) sur une étoffe de polyester recyclé, soit un tissu produit à partir de bouteilles plastiques. « Quand on a découvert ça, Maxime et moi, on capotait », se souvient Madeleine Arcand.

De l’idée au legging

Décidé à créer ses propres leggings, le duo a acheté deux cents mètres de polyester recyclé et cherché dans ses réseaux des personnes qui sauraient matérialiser leur idée. Au fil des recommandations, il a trouvé une ressource spécialisée en confection d’étoffes extensibles, une patronnière et un confectionneur. Une collaboration s’est nouée et le premier legging a pris forme. 

Les jeunes entrepreneures ont ensuite dû se trouver tranquillement des fournisseurs locaux et faire des pieds et des mains pour assurer la production des leggings au Québec. Elles y sont parvenues. C’est là une des grandes fiertés de Rose Buddha : les ressources employées, de la création à la manutention, sont rémunérées au juste prix et donc respectées dans leur travail. 

Le premier legging a été mis en vente à la fin du mois de novembre 2016. « Quand nous avons commencé la première production de 200 leggings, nous pensions en porter toute notre vie et en donner beaucoup. Mais à la suite de la parution d’un article dans La Presse+, tous les leggings ont été vendus en une journée. Ça a commencé comme ça. Puis nous en avons produit 400, et ils se sont tous vendus en un mois. » 

De fil en aiguille

Fortes de ce succès, les deux entrepreneures ont fait évoluer la marque et leurs produits. Rose Buddha propose maintenant, en plus des leggings classiques réversibles, des leggings d’hiver avec des jambières faites à Montréal à partir de bambou bio et de laine mérinos, des camisoles et des bijoux (confectionnés avec des retailles de tissus), des leggings pour enfants et des sacs de sport et de maternité en cuir d’ananas. 

Au début de 2018, l’entreprise a lancé sa première application de méditation éponyme. Vendue 3,99 $, celle-ci n’a pas été créée pour générer des revenus, mais bien parce que ses créatrices désiraient « que Rose Buddha ne soit pas que synonyme de produits, mais d’une façon de voir la vie ».

Dans la même optique, des ateliers et retraites axés sur le yoga et la méditation ont été organisés et ont mené à l’ouverture, en février 2019, du premier studio-boutique de yoga dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal.

La croissance personnelle… et professionnelle

En raison du succès rapide de l’entreprise, les cofondatrices ont dû déployer beaucoup d’efforts pour structurer cette dernière et faire appel aux bonnes ressources afin de se concentrer sur l’expansion de Rose Buddha. « On nous avait dit que la croissance représente le plus grand défi, déclare Madeleine Arcand. Jusqu’à récemment, je m’occupais de faire les envois postaux. Mais je sais qu’il faut déléguer, car c’est ainsi que l’on a réussi à grossir. » 

L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 150 000 $ dans sa première année d’existence. Après deux ans, ce chiffre est passé à un million. Cette progression est impressionnante, mais cruciale. De fait, la marge de profit de Rose Buddha n’est pas grande en raison du coût de production très élevé. Sa viabilité passe donc par le volume des ventes. À ce chapitre, les créatrices se concentreront dans les prochains mois sur la commercialisation de nouveaux produits, dont des pantalons, des chandails à manches longues, des vêtements en coton molletonné. Elles comptent également attaquer de nouveaux marchés au Canada. Par ailleurs, les entrepreneures assureront cette croissance, par ailleurs, en gardant en tête l’importance qu’elles accordent à leur liberté et au fait d’être bien entourées. « On ne veut pas être énormes, mais heureuses, et auprès de gens qui le sont aussi. » 

Le succès, aux yeux de Madeleine Arcand, présente de multiples facettes. Les leggings produits non seulement ont permis de recycler presque 100 000 bouteilles à ce jour et de planter plusieurs arbres (un arbre étant planté pour chaque achat), mais ils favorisent le travail d’artisans locaux. « Nous pouvons nous estimer chanceuses d’être arrivées au bon moment sur le marché pour répondre au désir de consommer localement de façon responsable et éthique, tout en arborant les œuvres d’illustrateurs canadiens. »
 

L’entreprise en chiffres

83 : le pourcentage de bouteilles plastiques entrant dans la composition d’un legging

10 : le nombre de bouteilles recyclées par pantalon

566 : le pourcentage de l’augmentation du chiffre d’affaires en 2018
 

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Visitez le site Web de Rose Buddha

En couverture (de gauche à droite) : Maxime Morin et Madeleine Arcand