Pente à neige: s’adonner aux sports d’hiver à Montréal

L’histoire d’Estéban Dravet

Vendredi 24 janvier 2020
Né dans les Alpes, Estéban Dravet a eu la chance de pouvoir pratiquer presque toute sa vie des activités hivernales, dont le ski, à quelques pas de chez lui. Celui qui a déménagé à Montréal il y a plus de dix ans s’est donné pour mission d’offrir aux Montréalais ce plaisir quotidien et de faire revivre ce patrimoine immatériel oublié de la métropole.

Depuis qu’il s’est installé à Montréal, Estéban Dravet s’est penché sur les initiatives hivernales existantes. « Si certaines, comme Igloofest ou la Fête des neiges, sont très chouettes, elles sont toutes ponctuelles et ne durent pas toute la saison, remarque-t-il. Pour pratiquer des sports d’hiver, il faut généralement prendre l’automobile les week-ends et quitter la ville. »

C’est en courant sur le mont Royal qu’il a découvert qu’on y trouvait jadis un remonte-pente. Inspirés par cette découverte, ses deux partenaires et lui ont rédigé un mémoire de 85 pages qu’ils ont soumis au Conseil du patrimoine culturel du Québec afin de présenter leur idée : reconstituer et retransmettre ce patrimoine sportif immatériel sur le mont Royal. 

Ils ont également fait de multiples tentatives visant à obtenir un permis de la Ville pour réaliser ce projet, qui devait durer trois jours, mais ils ont essuyé refus après refus. « Finalement, résume-t-il, en 2017, nous avons trouvé un autre site, où on a déjà proposé du ski et qui est situé dans l’arrondissement du Sud-Ouest : l’ancienne côte Newman, à la station de métro Angrignon. Le projet a été accepté dans une formule de quatre mois. » 

Une forte traction médiatique

Estéban Dravet n’aurait pas cru que le mont Royal soulèverait autant les passions lors de la présentation de son projet. « Nous sommes tombés dans 20 jours intenses où on nous demandait d’intervenir sur le sujet à la radio, à la télévision, dans les journaux, se souvient-il. Si c’était intimidant au départ (parce que je n’avais jamais interagi avec les médias auparavant), ça nous a un peu servi de publicité. » Grâce à cette visibilité, plusieurs organisations ont en effet offert leur appui au projet, en plus de porter celui-ci à la connaissance des élus et de stimuler l’intérêt des Montréalais à son égard. 

Il faut aussi mentionner que, préalablement à cette couverture médiatique, le projet Pente à neige avait été accueilli dans l’incubateur District 3 de l’Université Concordia à la fin de 2016, une étape charnière dans l’histoire de l’organisation. De fait, ce programme lui a permis de préciser sa mission, ses valeurs et sa clientèle cible ainsi que les besoins que Pente à neige voulait combler.

Lorsque la Ville a officiellement accepté le projet en septembre 2017, Pente à neige avait réussi à trouver 250 000 $ en capitaux privés et à obtenir une aide financière de 115 000 $ du gouvernement du Québec. « Des montants considérables pour un OSBL qui n’avait pas encore un an, souligne Estéban Dravet. Et c’est sans compter que nous avons réussi à générer des revenus autonomes dès la première saison. »

Les jalons du ski en milieu urbain

Le site choisi pour établir Pente à neige avait « le potentiel d’accueillir la plus grande piste de glissade sur chambre à air de toute l’île de Montréal ». Dès la première saison, nous avons donc offert cette activité et aménagé une petite piste de ski. Les installations étaient rudimentaires : une yourte chauffée pour les parents et les enfants, une billetterie toute simple et un conteneur maritime pour les services de location d’équipement. 

« Il fallait être créatif pour trouver des solutions à moindre coût, comme nous n’étions pas capables de livrer un produit équivalent au standard des stations de ski au Québec », explique l’entrepreneur. Ainsi, Pente à neige ne possédait aucune dameuse, puisqu’un seul de ces véhicules pouvait alors coûter 380 000 $, soit l’équivalent du budget annuel de cette première année d’activité. « Notre site était tellement petit par rapport aux stations habituelles qu’aucune solution technique ni aucun produit n’étaient adaptés à notre réalité », ajoute-t-il. 

La gestion d’un site en hiver est un autre défi que l’équipe a su brillamment relever, malgré son inexpérience dans le domaine. Aucun des membres n’avait auparavant encadré 60 employés, dirigé une école de ski, ni enneigé un site. « Si personne ne nous connaissait au départ dans l’industrie du ski au Québec, cette première saison nous a valu le respect des fournisseurs et des professionnels de l’industrie », affirme-t-il. Dès la deuxième saison, le site a été agrandi afin d’accueillir plus de skieurs et l’aménagement a été repensé pour le rendre plus convivial. 

Toujours dans cette volonté de démocratiser les activités d’hiver, Pente à neige a mis en œuvre une politique d’accessibilité financière, qui offre la possibilité aux amateurs de plaisirs d’hiver de payer leur accès au site selon leurs revenus. Sur présentation de leur déclaration fiscale, ils peuvent profiter d’une réduction ou même d’un accès gratuit. D’autres peuvent choisir de faire une contribution supplémentaire en fonction de la valeur que représente, selon eux, le service. 

« C’est arrivé une centaine de fois l’an dernier que des gens offrent une contribution additionnelle, soutient-il. Nous avons aussi lancé une campagne de sociofinancement sur La Ruche cette année pour appuyer cette politique. » 

Un virage expérientiel

Cette troisième année d’activité en 2020 marque une étape importante dans la croissance de l’organisation.

« Pente à neige quitte la période de démarrage et entre dans celle de la consolidation afin de répondre à l’achalandage qui ne fait qu’augmenter depuis deux ans. »
- Estéban Dravet

Selon lui, le site a en effet accueilli 33 500 personnes l’an dernier, ce qui en faisait — sur le plan de la superficie — l’une des stations hivernales les plus fréquentées au Québec. De plus, si ses prévisions actuelles, fondées sur le nombre de billets de ski et de cours vendus en ligne, se confirment, ce chiffre devrait doubler pour la saison 2019-2020.

Pente à neige a ajouté deux remonte-pentes au site, qui en compte maintenant trois, et dispose d’une nouvelle dameuse. La superficie du site a aussi été multipliée par cinq. En plus de la piste de ski pour les débutants, on a aménagé une vraie piste intermédiaire. Celle-ci mesure pratiquement 150 mètres et sa pente, qui présente une forte inclinaison, peut être remontée grâce au téléski de type arbalète, comme c’était jadis le cas sur la piste du mont Royal. « Une équipe universitaire de slalom devrait même venir s’y entraîner le soir, après ses cours, ce qui lui éviterait de devoir faire une heure et demie de route pour ce faire », souligne-t-il.

Même si Pente à neige s’adresse toujours aux familles, elle élargit sa clientèle grâce à des nouveautés. « Nous avons également créé une zone d’apprentissage autonome, appelée Premier départ, afin que les personnes qui souhaitent s’initier seules au ski ou à la planche à neige puissent le faire à l’aide de trois panneaux qui leur proposent des défis illustrés », explique Estéban Darvet. De même, le parc à neige et la zone de glissade sur chambre à air ont été agrandis et structurés différemment. Enfin, le menu du restaurant de type bistro a été diversifié.

Des efforts ont aussi été déployés pour attirer davantage de touristes parmi ceux qui visitent la métropole durant les vacances hivernales. « Nous leur proposons un univers qui leur donne un aperçu de ce qu’ils peuvent retrouver en région au Québec, mais sans avoir à quitter Montréal, par exemple, en exploitant le thème du sirop d’érable. » 

Lors de la troisième phase d’amélioration, prévue en 2022, Pente à neige entend renforcer les volets expérientiel et culturel de son offre. « Nous sommes également ouverts à l’idée d’aménager un deuxième site, comme nous avons presque atteint les limites du site actuel », affirme Estéban Dravet.

 

L’entreprise en chiffres 

70 000 : le nombre de visiteurs que Pente à neige attend durant la saison 2019-2020

60 : le nombre d’employés en 2019

365 000 $ : l’aide financière obtenue auprès des secteurs privé et public au début du projet

 

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