Les matchs : la clé du succès de Workland
L’histoire de Julie Hubert
C’est la frustration qu’elle éprouve durant sa propre recherche d’emploi en 2011 qui provoque un déclic chez Julie Hubert, fondatrice de Workland. La femme d’affaires vient alors de quitter un poste de cadre, dans une compagnie de transformation agroalimentaire pancanadienne après trois ans de loyaux services. « Malgré toute l’énergie que je déployais pour me replacer, la démarche s’éternisait. Tant et si bien qu’après plusieurs mois de recherche, je n’avais rien trouvé », se souvient la titulaire d’une maîtrise en administration des affaires de l’Université McGill.
Rapidement, elle constate qu’elle n’est pas la seule à vivre cette situation insensée —. « On crie sur tous les toits que les milléniaux sont volages, qu’elles n’ont pas le réflexe de s’attacher à une entreprise et que le marché du travail leur est plus ouvert que jamais. Or, encore faut-il que le processus de recherche d’emploi se fasse bien! », affirme-t-elle. À ses yeux, « prendre une année ou presque tous les trois ans pour se replacer », c’est un trop long délai.
L’idée de recourir à la technologie pour faciliter la démarche lui effleure alors l’esprit. Plus précisément, c’est autour de l’intelligence artificielle (IA) que se cristallise le modèle d’affaires de ce qui deviendra Workland.
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« Je rêvais à un outil qui permettrait de faire des matchs avec les bonnes personnes — un peu comme un site de rencontres amoureuses, mais pour le travail. »
Julie Hubert
Celle qui se sent comme une entrepreneure dans l’âme depuis l’âge tendre de dix ans – elle a baigné là-dedans, ses parents étant tous deux à leur compte - décide finalement de s’engager dans cette voie.
Économies multiples
Dès le début, elle s’entoure d’experts en technologies de l’information (TI) ainsi qu’en ressources humaines (RH) afin de « compenser son manque de connaissances » dans ces domaines. La première version de Workland voit finalement le jour deux ans plus tard, soit en 2013. Bien que révolutionnaire, la plateforme ne connaît pas le succès escompté. « Nous étions un peu trop en avance sur les besoins du marché des RH. Cela nous a forcés à appliquer les freins et à retravailler quelque peu le produit », reconnaît la présidente-directrice générale. L’objectif de cette décision : être prêt lorsque la demande se ferait sentir.
Aujourd’hui, les mentalités ont heureusement évolué dans un sens favorable à Workland. Grâce à ATLAS (Application and Tracking Lead Acquisition System), la plateforme qui sous-tend Workland, les petites et grandes entreprises peuvent désormais joindre des candidats qui présentent le profil recherché. De leur côté, les candidats se voient approcher, puis offrir des postes qui leur conviennent. Les deux partis voient ainsi sur quels points ils sont compatibles... ou non. « C’est très transparent », estime-t-elle.
C’est l’IA qui est au cœur de cette rencontre. Lorsqu’il s’inscrit, le candidat consacre une heure de son temps à répondre à des questionnaires et à des tests psychométriques. C’est ce qui nourrit la machine, en somme. « Workland effectue des matchs à l’aide de profils psychométriques plutôt que de mots-clés, comme les agrégateurs de postes et autres outils de suivi de candidature, explique Julie Hubert. Le gros du travail des RH se trouve ainsi automatisé. »
Tout au long du processus, le candidat est informé en temps réel du cheminement de son dossier. Celui-ci n’a rien à débourser pour s’inscrire à Workland; seuls les employeurs déboursent pour l’acquisition d’une licence d’utilisation annuelle en fonction du nombre de postes à pourvoir. L’efficacité est au rendez-vous : avec Workland, un processus qui prend normalement de six à huit mois à compléter est achevé en quatre à six semaines. Ce gain de temps considérable est synonyme d’économie d’énergie et de réduction de stress.
Des sacrifices fondés
Ces temps-ci, Workland surfe sur une vague de succès. Depuis plus d’une année et demie, la technologie est en cours d’adaptation pour les besoins RH du gouvernement . Workland ambitionne d’étendre ses activités à l’international — elle est notamment en cours d’implantation aux États-Unis. Grâce à l’apprentissage profond, la plateforme ne cesse d’améliorer ses performances, ce qui la rend d’autant plus attirante. « Je veux continuer de voir fondre les délais, lance Julie Hébert. Dans un monde idéal, j’aimerais qu’un candidat puisse savoir dans quelle direction il se dirigera dans deux semaines. »
Selon l’entrepreneure, l’IA ouvre la voie à un marché du travail par projet, à la pièce, selon les besoins ponctuels des entreprises et les intérêts évolutifs des candidats. Bien qu’elle ignore si elle verra cela de son vivant, elle est persuadée que sa fille de 22 ans, qui travaille au sein de Workland, en sera témoin. « Jongler avec mon rôle d’entrepreneure et de mère n’a pas toujours été facile. Ma fille sait dorénavant pourquoi j’ai fait tant de sacrifices et elle en est fière », conclut-elle.
Workland en chiffres
40 : le nombre d’employés de l’entreprise; ce chiffre devrait doubler ou tripler d’ici un an
7 : le nombre de chiffres que compte le chiffre d’affaires en dollars de Workland
Plus de 200 : le nombre de clients satisfaits de Workland
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