Floramama : une aventure florissante

L’histoire de Chloé Roy

Vendredi 2 novembre 2018
Chloé Roy a implanté son entreprise à Frelighsburg, sur une terre de 3 000 mètres carrés. C’est là qu’elle cultive, de manière écologique, une grande variété de fleurs qui seront ensuite distribuées aux abonnés saisonniers sous forme de bouquets, dans plusieurs points de vente et aux supermarchés Avril. Une aventure à échelle humaine qui permet à l’entrepreneure de garder les deux pieds sur terre.

Une idée qui prend racine

Chloé Roy ne rêvait pas vraiment de devenir horticultrice au début de l’âge adulte. Comme plusieurs, elle a vécu des expériences d’emploi plus ou moins satisfaisantes avant de travailler à la culture de légumes aux Jardins de la grelinette, une microferme maraîchère située à Saint-Armand, en Montérégie. C’est là, dans un milieu « enrichissant tant sur le plan humain que professionnel » précise-t-elle, qu’elle a pris conscience de façon claire qu’elle voulait, elle aussi, exploiter une ferme.

« J’ai eu le goût de me réaliser en lançant un projet viable, qui ferait du bien à ma communauté et à ma famille. Une ferme écologique ne nécessitait pas une masse d’investissement initial. C’étaient les conditions gagnantes pour que je me lance dans l’entrepreneuriat. »

Chloé Roy 

L’entrepreneure a d’abord pensé à cultiver des légumes. Elle a donc cherché des produits qui se démarqueraient des concombres ou des tomates, mais elle ne cherchait pas « non plus à introduire une racine inconnue du Zimbabwe qu’il faudrait présenter et faire connaître pour réussir à la vendre. » Elle a donc plutôt opté pour une production florale, à l’image de la ferme Floret Flowers dans l’État de Washington, fondée par Erin Benzakein, précurseure du mouvement de la production florale alternative et locale. « En voyant le travail accompli là-bas, raconte Chloé Roy, ça m’a semblé clair : je n’allais pas nourrir le corps des gens, mais leur âme. »

Petite fleur va loin

Floramama a entamé en 2018 sa cinquième année de production. Les fleurs sont cultivées selon la méthode de la microagriculture bio-intensive, avec laquelle elle s’est familiarisée aux Jardins de la Grelinette. Cette technique éprouvée et rentable ne requiert que peu d’espace sur le terrain. À preuve, cette année, Chloé Roy, son associée et une stagiaire (qui sera employée à temps plein pour la prochaine saison) ont réalisé toute la production sur 3 000 mètres carrés, soit près d’un cinquième du terrain loué par Floramama. 

 

La ferme de Chloé Roy produit plus d’une cinquantaine de variétés de fleurs. En plus de nouvelles variétés (dont le nombre varie de cinq à dix), l’entrepreneure cultive chaque année de nouvelles couleurs pour les sortes déjà offertes. « La composition des bouquets se passe beaucoup dans la couleur », explique l’entrepreneure. 

Le fait d’avoir plusieurs variétés permet à la cultivatrice de ne pas être prise au dépourvu si une espèce en particulier est victime des ravageurs ou des intempéries, la diversité assurant un équilibre phytosanitaire. Elle y voit même une forme de poésie. « Je trouve ça joli, de voir que chaque fermier est capable d’un certain laisser-aller. » Elle précise par ailleurs que la production écologique revêt un aspect « naturel », qui doit être accepté par les clients. « Parfois, les feuilles sont simplement un peu piquées, mais la fleur demeure très belle. C’est un bon apprentissage pour les clients, qui peuvent voir que leur produit est beau dans son état naturel parfois unique. » 

Les fleurs de Floramama sont vendues dans le cadre d’un abonnement saisonnier et distribuées au marché fermier du métro Laurier de la mi-mai à la fin septembre ainsi que dans les points de chute situés dans le quartier Villeray à Montréal, à Bromont, à Frelighsburg, à Saint-Lambert et, dès la saison 2019, à Westmount. Elles sont également vendues au marché Tradition de Frelighsburg et dans tous les supermarchés Avril du Québec. Chloé Roy approvisionne également certains fleuristes pour les mariages et, en 2018, elle a même envoyé certains surplus aux grossistes, bien qu’elle ne veuille pas miser sur cette avenue. 

« C’est une belle petite croissance, déclare candidement Chloé Roy à propos de son entreprise. J’aime le changement, donc je cherche de nouvelles avenues pour ne pas stagner. On peut toujours faire mieux concernant la production. Mais me concentrer uniquement là-dessus, ça me semble un peu redondant. J’explore donc d’autres pistes. » 

Un beau bouquet de responsabilités

Durant la prochaine saison, Chloé Roy continuera à promouvoir les produits existants (un beau produit, qui est « facile » à mettre en valeur, selon elle) et envisage d’exploiter un ou deux nouveaux champs d’activité à la ferme, comme la vente de semences. Dans tous les cas, l’entrepreneure veut poursuivre l’aventure à petite échelle, tout en continuant à développer des produits de grande qualité et à nourrir sa passion pour les fleurs. « Le chapeau de chef d’orchestre me plaît beaucoup. Pour moi, être entrepreneure, c’est incarner tous les petits métiers qui sont chapeautés par ce métier-là. Je veille à la production, à la planification et au marketing, et je m’occupe aussi de la communication avec les clients. Et je fais de la création florale : pour moi, c’est vital. J’ai besoin de nouveau, c’est ce qui me garde éveillée. »

L’entreprise en chiffres

Plus de 50 : le nombre de variétés de fleurs cultivées
8 : le nombre de points de chute
150 : le total d’abonnés en 2018
20 : le nombre de semaines de production dans l’année
De 200 à 400 : le nombre de bouquets produits par semaine
3 (4 en 2019) : le nombre d’employés à temps plein de Floramama
6 : le nombre de serres
70 : le pourcentage de la production réalisée dans les champs

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