Enkidoo: l’intelligence artificielle à la portée de tous

L’histoire de Pholysa Mantryvong

Lundi 10 juin 2019
Par l’intermédiaire de son entreprise Enkidoo, Pholysa Mantryvong est déterminé à offrir aux commerçants indépendants les outils de demain, comme l’intelligence artificielle, afin d’améliorer leurs processus de gestion des stocks et d’approvisionnement.

La jeune pousse Enkidoo propose aux petits détaillants indépendants et aux petites et moyennes entreprises d’utiliser l’intelligence artificielle pour simplifier leurs processus d’approvisionnement et de gestion de la demande. Grâce au traitement automatique du langage naturel, un détaillant peut communiquer directement avec ses applications professionnelles à l’aide de la messagerie texte ou d’outils comme Slack, et ainsi profiter des conseils d’un assistant personnel intelligent pour optimiser la gestion de ses stocks, de sa chaîne d’approvisionnement et de ses ventes, et pour générer des rapports complexes. « Notre objectif est de démocratiser l’accès à l’intelligence artificielle afin que les petites et moyennes entreprises disposent des mêmes moyens que les grandes », explique Pholysa Mantryvong.

Apprendre de ses erreurs pour mieux définir son projet

Pholysa Mantryvong a obtenu son baccalauréat en génie industriel à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Après avoir travaillé dans le domaine de l’aérospatiale pour Pratt & Whitney, il s’est envolé vers Chicago afin de se joindre à une firme de consultants. « Cela a été une grande école, qui m’a permis de me familiariser avec le monde de l’entrepreneuriat en tentant de trouver des solutions aux problèmes de nos clients grâce à la technologie », affirme-t-il. De retour à Montréal, il s’est dit qu’il avait peut-être ce qu’il fallait pour se lancer dans les affaires, mais il hésitait encore. Et puis on l’a invité à se joindre à un groupe de jeunes professionnels afin de participer à la soirée Désorientation, un événement-bénéfice au profit de l’organisme communautaire GRIS-Montréal, voué aux luttes gaies, lesbiennes et bisexuelles. « Je me suis dit que, si j’étais capable de vendre une cause qui me tenait à cœur, je serais capable de vendre mon propre projet. » 

Parallèlement à son travail de consultant, il planchait sur son modèle d’affaires. « Je n’avais pas juste une idée, raconte Pholysa Mantryvong, j’avais tout plein d’idées. C’était ça le problème. Mon projet n’était pas encore bien défini. » Il a participé à trois programmes d’accélération et conçu la première mouture du logiciel qu’il avait en tête, qui s’est cependant avérée un échec. Il a alors pris conscience qu’il ne s’agissait pas seulement de trouver une bonne idée ou de réussir la phase de conceptualisation d’un produit : il fallait aussi savoir commercialiser son produit. « Cela a été une période très difficile, reconnaît le fondateur d’Enkidoo, j’ai dû licencier plusieurs employés. Alors, j’ai décidé de prendre une pause pour réfléchir. »

Créer son propre réseau pour transmettre connaissances et expériences

Grâce au groupe QueerTech Montréal dont il fait partie, Pholysa Mantryvong a découvert Fier Départ, qui vise à faciliter la transition du milieu universitaire vers le monde des affaires pour les étudiants et les jeunes professionnels de la communauté LGBTQ. En 2017, il a participé à la conférence Venture Out de l’organisme, et la présentation qu’il y a faite jetait les bases de la solution proposée par Enkidoo. La même année, il a fait partie de la cohorte Next Founders, un programme de NEXT Canada destiné à soutenir les entrepreneurs prometteurs grâce au mentorat et à un accès à du capital. « Ça m’a donné la confiance nécessaire pour continuer, se souvient Pholysa Mantryvong. Ça m’a permis d’envisager plus clairement le problème auquel je souhaitais m’attaquer et la solution que je comptais offrir. » 

Sa rencontre avec Alexandre Vincart-Émard, titulaire d’un doctorat en physique et futur directeur de la technologie d’Enkidoo, s’est également révélée marquante. « Il a décidé de se joindre à l’équipe parce qu’il pensait qu’on avait vraiment du potentiel. C’est fondamental de s’entourer de personnes qui ont des spécialités complémentaires et qui peuvent apporter leur expertise. » Ensemble, ils s’ingénient à mettre au point leur solution d’intelligence artificielle et ils ont trouvé, dans l’Espace CDPQ | Axe IA, une initiative entrepreneuriale qui vise à accélérer la commercialisation de produits et services issus de l’intelligence artificielle. « Nous avons, à Montréal, un écosystème exceptionnel qui favorise la réussite, souligne-t-il. Juste le fait de pouvoir partager ses expériences et de collaborer avec d’autres, c’est une chance inouïe. »

L’aide de mentors qui se reconnaissent aussi dans la communauté LGBTQ au sein de laquelle Pholysa Mantryvong évolue est tout aussi importante pour ce dernier. Un jour, il est tombé sur un article signé par Mathieu Charest dans le journal Les Affaires et intitulé « La LGBT connection ». À la suite de sa lecture, il a décidé de rencontrer Dax Dasilva, le PDG de Lightspeed. « Il m’a dit : “Laisse faire les questions, dis-moi ce que tu fais.” » C’était le début d’un partenariat avec la multinationale québécoise, dans le cadre duquel Enkidoo facilite la transition des clients de Lightspeed vers des solutions technologiques basées sur l’informatique en nuage.

« La clé du succès, c’est un mélange d’occasions, de chances et de prises de risque. La première porte, c’est toujours la plus difficile à passer. Mais une fois qu’on a réussi, ça nous donne la confiance nécessaire pour aller plus loin. »

Pholysa Mantryvong
 

Aller de l’avant en s’impliquant dans la communauté

Pholysa Mantryvong travaille d’arrache-pied pour peaufiner son produit qu’il compte dévoiler à l’été 2019. S’il a comme ambition de faire d’Enkidoo la plateforme de référence en matière de gestion de la demande, des prévisions et des stocks pour les commerçants indépendants et les PME, il planifie la croissance de son entreprise en restant proche de ses valeurs.

De fait, il s’investit depuis ses débuts auprès de causes qui lui tiennent à cœur, comme la promotion des arts et de la culture, la lutte contre l’itinérance des jeunes ou l’homophobie. Même s’il n’est pas facile de faire sa place, il semble avoir trouvé la sienne. « Certains ont grandi dans un milieu d’entrepreneurs. Moi, je suis un fils d’immigrants de deuxième génération, je viens d’une famille modeste établie à Montréal-Nord. Mon avenir d’ingénieur était bien tracé, mais j’ai toujours eu un côté rebelle, un désir de ne pas suivre les conventions à la lettre. Avoir une entreprise, ça signifie être constamment confronté à de nouveaux défis. Mais je suis prêt à vivre des choses pour lesquelles je n’ai pas été préparé. C’est important d’avoir un esprit combatif, parce qu’il n’y a pas de manuel pour ça. »

ENKIDOO.AI EN CHIFFRES

12 : le nombre d’employés d'ENKIDOO

120: le nombre de clients depuis la première phase commerciale en mars 2019
 

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