Eddyfi Technologies : une entreprise de logiciels en mode croissance
L’histoire de Martin Thériault
Une ambition débordante et une grande intuition, voilà ce qui motive Martin Thériault en 2009 à entreprendre un parcours entrepreneurial. Avec un baccalauréat en génie de l’Université McGill et une maîtrise en administration des affaires de l’Université Duke, il commence une carrière d’ingénieur-conseil au sein de grandes entreprises aux États-Unis, notamment à Air Liquide, avant de revenir au Québec en 2004.
Le déclic après un constat amer
Martin Thériault intègre alors le groupe Roper Industries comme spécialiste de solutions logicielles adaptées aux entreprises. Il gère aussi les acquisitions québécoises du groupe basé à Sarasota et développe ainsi son sens du leadership.
À l’aube de ses quarante ans, celui qui a connu de nombreux patrons déjà éprouve beaucoup de frustrations, notamment parce qu’il lui semble que les directions négligent des occasions qui lui paraissent chaque fois très intéressantes. « J’ai toujours eu un côté rebelle. J’avais souvent l’impression que mes patrons passaient à côté de l’essentiel. En fait, c’était moi, le problème. Il fallait que je me lance. »
« On peut vouloir se lancer en affaires, mais sans idée pour nourrir une vision ni passion, ce sera compliqué. Tout est dans l’idée. »
Martin Thériault
Arrive la crise de 2008. La direction de l’entreprise pour laquelle travaille Martin Thériault doit rationaliser ses coûts : elle licencie 40 % de ses employés et cesse de nombreuses activités. L’une d’elles concerne le brevet d’une solution électromagnétique déficitaire que connaît bien l’ingénieur et dans laquelle il croit. Quelques clients lui font part de leur déception de voir abandonner une technologie prometteuse. Sans hésitation, Martin Thériault hypothèque sa maison et renouvelle sa marge de crédit pour lancer avec des associés Eddyfi Technologies, un nom trouvé par son épouse.
Pendant deux ans, il ne touche aucun salaire et mise tout sur le développement de sa société, qui devient rapidement une référence pour les solutions logicielles adaptées aux industries manufacturières de pointe et les tests non destructifs. Il s’agit de techniques comparables à celles de l’imagerie médicale (comme la radiologie ou l’échographie) appliquées à des champs aussi variés que la pétrochimie, l’aéronautique et l’industrie nucléaire pour détecter le moindre défaut et prévenir les accidents de fonctionnement.
La gestion d’une croissance rapide
Eddyfi connaît rapidement le succès et gagne des parts de marché de façon exponentielle. L’entreprise est présente dans 80 pays et possède 13 bureaux à l’étranger. Cette croissance organique doit être soutenue par les bonnes décisions dans un marché très fragmenté où l’on est soit un géant planétaire, soit un joueur plus modeste.
Le premier enjeu est la gestion des ressources humaines. « Comme entrepreneur, il faut engager les bonnes ressources au bon moment, affirme Martin Thériault. Dans le cas d’Eddyfi, nous sommes passés d’un chiffre d’affaires de 5 millions à presque 75 millions, et de 0 à 260 employés. Tout ça en moins de 10 ans. Il faut constamment réinventer son organisation et établir un pipeline de ressources pour soutenir les changements ».
Autre enjeu : les acquisitions. Eddyfi a rapidement atteint une taille critique dans des marchés de niche. Après ses cinq premières années d’activité, Eddyfi a dû se diversifier. Lorsqu’on rivalise contre Siemens, Électricité de France (EDF), Areva ou encore Rolls-Royce, cela passe par des acquisitions dont Martin Thériault explique les principes ainsi : « Concrètement, nous sommes des prédateurs. On achète des technologies complémentaires qui possèdent une base déjà établie de clients. Puis on investit dans la recherche et le développement afin d’améliorer la solution. » Parmi les derniers achats en date figurent Silverwing, une société britannique, et IPN, un atelier d’usinage de haute précision basé à Québec. Eddyfi prévoit de nouvelles acquisitions d’ici la fin de l’exercice 2018.
L’innovation au cœur du modèle d’affaires
Devant des géants de l’industrie comme General Electric et Olympus, la souplesse d’une PME telle Eddyfi permet à celle-ci d’innover rapidement. Dans un grand groupe, les cycles et les procédés d’innovation sont longs et complexes. Alors que la moyenne des investissements en R et D se situe autour de 3 à 5 %, Martin Thériault investit dans cette fonction de l’entreprise de 15 à 20 % du chiffre d’affaires.
Selon l’ingénieur, cet effort d’amélioration continue des solutions offertes est soutenu par des programmes incitatifs. Il rappelle qu’« au Québec, il y a de nombreux programmes qui aident les entrepreneurs à innover, ce qui n’existe pas aux États-Unis. Les entreprises canadiennes sont capables d’intégrer dans leur modèle d’affaires une partie entièrement consacrée à l’innovation de procédés. C’est essentiel pour la compétitivité de nos entreprises ».
Pour protéger sa propriété intellectuelle, Eddyfi déploie une stratégie mixte. L’entreprise a déposé moins de 10 brevets. Comme la plupart des améliorations touchent aujourd’hui au traitement logiciel, la firme a tendance à plutôt crypter les innovations logicielles qu’à les breveter. De fait, le brevet rend l’innovation publiques et celle-ci risque alors de profiter à la concurrence. Le secret industriel reste le moyen le plus prisé par la firme pour protéger ses innovations.
Eddyfi Technologies en chiffres
- 26 : le pourcentage de croissance de l’entreprise en 2017
- 250 : le nombre d’employés de l’entreprise
- 80 : le nombre de pays où l’entreprise est présente
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