Comment mnubo rend les objets intelligents
L’histoire de Frédéric Bastien
Connecter divers objets, machines et équipements à Internet pour les rendre encore plus utiles et améliorer notre quotidien est l’une des possibilités les plus prometteuses du moment. Tandis que l’Internet des objets (« IdO ») frappe à votre porte, des firmes québécoises comme mnubo se positionnent déjà sur le marché porteur des mégadonnées pour ces objets connectés.
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Internet des objets et innovation québécoise
Après ses études à Polytechnique Montréal, Frédéric Bastien a travaillé comme ingénieur en télécommunication. À ce titre, il s’est notamment occupé des technologies de réseaux 3G et 4G et il a été amené à voyager aux États-Unis, en Europe et au Japon. Ces expériences à l’étranger ont développé sa capacité d’adaptation et lui ont permis de découvrir d’autres cultures d’entreprise. Après un passage remarqué chez Nortel, il a intégré une première entreprise en démarrage, Blueslice Network, qui gérait des bases de données mobiles pour connecter des camions ou des compteurs hydroélectriques.
Frédéric Bastien a rapidement compris que les réseaux UMTS (3G) et LTE (4G) offraient d’importantes occasions d’affaires, d’autant plus qu’au tournant de l’année 2011, deux produits phares ont été lancés : le thermostat intelligent Nest, acquis par Google pour plus de trois milliards de dollars, et les bracelets Fitbit, qui collectent des données sur l’activité physique. Prenant conscience du potentiel de ces objets connectés, l’entrepreneur québécois a décidé de tirer lui aussi profit de l’IdO. C’est ainsi qu’il a cofondé mnubo en 2012 (m pour « machine » et nubo pour « nuage » en espéranto) avec trois autres personnes.
L’entreprise collecte, analyse et convertit des données au moyen des dernières avancées en apprentissage-machine et en intelligence artificielle. Sa plateforme de services transforme les données brutes en indicateurs et prédictions pour ses clients, lesquels sont des fabricants de produits intelligents allant du thermostat résidentiel à des équipements de ventilation, de chauffage ou de climatisation. Montre connectée et système d’irrigation agricole font également partie de l’éventail des produits qui utilisent la plateforme.
Gérer la croissance
Le succès est venu rapidement et la croissance a été exponentielle. mnubo a lancé une première vague d’embauches importantes et décroché un premier contrat aux États-Unis. L’entreprise montréalaise a ainsi passé les caps de croissance à la vitesse de la 4G. Frédéric Bastien reconnaît que la gestion de ces premiers succès a constitué son premier défi d’entrepreneur. « Les cofondateurs et moi gérions les ressources humaines, les finances et le développement des affaires — des domaines dans lesquels nous n’avions pas vraiment de compétences. Il nous a fallu rapidement bien nous entourer. »
« Un bon entrepreneur doit s’entourer de gens meilleurs et plus intelligents que lui. En tant que chef d’entreprise, mon premier problème, c’est : comment et qui embaucher? »
mnubo a financé ses activités avec ses profits pendant trois ans avant de mener en avril 2015 son premier tour de financement, qui lui a rapporté six millions de dollars. Depuis, l’entreprise a aussi levé 16,5 millions de dollars de financement de série B en 2018 et ouvert un bureau à Tokyo, au Japon.
Les secrets d’une recherche de financement réussie pour Frédéric Bastien? « Il faut bien se préparer — connaître ses interlocuteurs, comprendre leurs objectifs et leurs besoins, et savoir ce qu’ils veulent. Tout est affaire de préparation. Il faut présenter sa vision pour les trois prochaines années de la façon la plus excitante possible. Les neuf prochains mois doivent être disséqués sous tous leurs angles. Il n’y a pas de place pour l’approximation. »
Protéger ses innovations
Évoluant dans un créneau où la concurrence est féroce, mnubo se doit d’être hautement compétitive et innovante. L’entreprise jouit d’une longueur d’avance, ayant notamment remporté le prix IoT Analytics Breakthrough Award pour une seconde année consécutive. Quant à Frédéric Bastien, il a été désigné « Nouveau Performant » en 2019 par le World Executive Forum pour son engagement indéfectible envers l’innovation québécoise.
L’entreprise garde toutefois sa propriété intellectuelle secrète, tout en prenant le parti de ne pas déposer de brevet. Une stratégie défendue par le cofondateur. « Le problème des brevets dans le domaine des logiciels et des algorithmes, c’est qu’ils sont très difficiles à défendre. Une fois la technologie brevetée, elle devient publique. En la brevetant, on risque alors qu’elle soit copiée par des joueurs 1000 fois plus puissants que nous. À ce stade, les recours sont souvent difficiles face à des armées d’avocats. »
Ce positionnement prend tout son sens quand on sait que, selon le cabinet d’analyse Gartner, plus de 25 milliards d’objets seront connectés à Internet dans le monde en 2020. On peut bel et bien parler d’une tendance qui se dessine et de l’importance de saisir les possibilités d’affaires qu’elle sous-tend.
mnubo en chiffres
4 : le nombre de cofondateurs
60 : le nombre d’employés de mnubo
10 : le nombre de pays où l’entreprise est présente
150 : le nombre de produits soutenus par sa plateforme
200 : le pourcentage d’augmentation du chiffre d’affaires pour l’exercice 2018
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