BRIDGR: faire le pont
L’histoire d’Amira Boutouchent
Amira Boutouchent, cofondatrice et présidente-directrice générale de BRIDGR, est ingénieure informatique et possède également une formation en gestion. Les recherches effectuées durant sa maîtrise l’ont menée à s’intéresser au domaine industriel et lui ont mis la puce à l’oreille quant à son projet entrepreneurial : un écart énorme existe entre ce que la technologie permet aujourd’hui et celle qui est utilisée dans les entreprises, notamment québécoises.
Le concept
L’entrepreneure et son partenaire cofondateur sont partis de ce constat pour élaborer un système qui permettrait aux industriels de comprendre non seulement ce qu’offre la technologie, mais en quoi elle peut leur être utile et comment l’implanter. C’est ainsi qu’a débuté une réflexion, en constante évolution, sur ce qui constitue un bon jumelage entre des fournisseurs et des industriels, et sur les manières de le favoriser.
La plateforme Web, lancée en mars 2016, permet à des entreprises manufacturières et industrielles d’accéder à des expertises et à des technologies de pointe selon leurs besoins particuliers. Une entreprise donnée peut, par exemple, faire une demande pour l’automatisation de la gestion des stocks en précisant toutes ses contraintes, son budget et son échéancier. À partir de ces données, BRIDGR règle des paramètres de la plateforme pour proposer une solution supportée par des fournisseurs appropriés. La plateforme permet ensuite d’assurer la gestion du projet, d’effectuer divers suivis, notamment de qualité, et de répondre à d’autres besoins au fil du temps.
Le modèle d’affaires prend en compte deux types de clients : les industriels et les fournisseurs, qui peuvent être des consultants, des équipementiers, etc.
« Nous aspirons à aider une industrie assez traditionnelle à évoluer. Nous désirons ainsi développer l’industrie locale et contribuer à l’économie en créant des ponts dans le monde pour faciliter le travail de tout un chacun. C’est la raison pour laquelle notre entreprise s’appelle BRIDGR [le nom découle du mot anglais bridge qui signifie “pont”]. »
Amira Boutouchent
Les ressources
En ce moment, BRIDGR regroupe des fournisseurs situés dans 22 pays. Pourquoi sont-ils si dispersés? « Parce que nous allons là où l’expertise se trouve », répond simplement Amira Boutouchent. Pour ce qui est des clients, l’entreprise vise principalement des clients industriels au Québec, mais également en France et en Afrique du Nord.
Grâce à la structure établie, BRIDGR souhaite devenir la référence en matière de soutien pour accélérer la transition du secteur industriel vers les hautes technologies. Cette migration, déjà en cours, serait encore bien lente. De fait, seulement 25 % des entreprises québécoises auraient à ce jour amorcé leur transformation, selon Amira Boutouchent. Le marché de l’offre de services, comme ceux offerts par BRIDGR, est encore jeune, mais il est prometteur. « Il est question d’une industrie très traditionnelle dans laquelle la transformation s’échelonnera sur une longue période, souligne Amira Boutouchent. On parle de l’industrie 4.0, comme si c’était nouveau, mais je ne crois pas que ce terme sera encore utilisé dans trois ans. Des enjeux comme la productivité et la compétitivité, pour ne nommer que ceux-ci, resteront et nécessiteront toujours des outils. »
L’entreprise a également pu compter sur l’appui financier d’investisseurs séduits par le potentiel de l’entreprise. Amira Boutouchent demeure cependant bien réaliste et affirme qu’« obtenir du financement n’est pas une réalisation en soi, mais un moyen pour parvenir à réaliser ses objectifs ».
Le domaine prometteur de l’intelligence artificielle dans lequel évolue BRIDGR est embryonnaire. Si des solutions et des cas très intéressants ont été concrétisés, seuls quelques meneurs ou très grandes entreprises utilisent le potentiel de ces nouvelles avenues pour leurs affaires, estime Amira Boutouchent. « Sur le terrain, nous nous rendons compte de tout le chemin qu’il reste à faire. Pour certains, essayer de mieux gérer ses stocks implique d’utiliser des feuilles et des crayons. Il est question d’une transformation profonde et pas seulement de l’installation d’un logiciel. Plusieurs domaines sont impliqués dans le processus, et c’est pourquoi une solution qui permet de l’automatiser est précieuse. »
L’implication
Amira Boutouchent suit la voie qui lui a toujours semblé naturelle, celle de l’entrepreneuriat, qui l’a menée à participer à la création de projets et d’associations avant de cofonder sa propre entreprise. La liberté de créer selon ses convictions est à ses yeux inestimable. C’est ainsi qu’en plus de contribuer, par le biais de son entreprise, à faire évoluer l’accès aux technologies, elle espère pouvoir inspirer d’autres femmes à emboîter le pas. En tant qu’ambassadrice de l’initiative Femmes en tech Ubisoft, l’entrepreneure soutient que les technologies de demain sont en voie d’être créées et qu’elles doivent l’être de manière inclusive pour répondre réellement aux besoins de tous. « En tant qu’ambassadrice, ça m’allume énormément de démontrer que les technologies peuvent aiguiller les gens vers ce qui les passionne. Celles-ci me permettent de faire plein de choses, de construire avec mon équipe et mon cofondateur exceptionnel. »
L’entreprise en chiffres
7 : le nombre de personnes qui forment l’équipe de BRIDGR
22 : le nombre de pays dans lesquels sont réparties les ressources proposées par BRIDGR
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Visitez le site Web de BRIDGR
En couverture (de gauche à droite) : Amira Boutouchent et Mehdi Drissi