B-CITI: l’intelligence artificielle au service du citoyen

L’histoire de Vivianne Gravel

Vendredi 21 septembre 2018
Avant 2016, aucune plateforme technologique municipale n’utilisait l’intelligence artificielle au Québec. En fait, les différentes données des villes étaient jusqu’alors éparpillées dans un environnement fragmenté et cloisonné, ce qui engendrait des temps d’attente inutiles pour l’obtention d’information et empêchait la centralisation de l’accès aux services. C’est ce à quoi s’est attaquée l’entrepreneure Viviane Gravel en créant B-CITI, une application pionnière dans le domaine des services aux citoyens.

Vivianne Gravel n’en est pas à sa première entreprise dans le secteur de l’innovation technologique. En effet, c’est à son entreprise Lipso (vendue en 2010) que l’on doit les cartes d’embarquement électroniques, implantées pour la première fois dans le monde par Air Canada, et le système de paiement à distance des parcomètres. L’entrepreneure a compris il y a déjà longtemps que la technologie, utilisée à bon escient, peut simplifier considérablement la vie des gens et se rendre ainsi indispensable. Après avoir fondé sa deuxième entreprise, Metrix, elle s’est mise à évaluer le marché et a commencé à examiner sérieusement les opportunités qu’offrait l’intelligence artificielle. C’est à ce moment qu’elle a constaté que, pour rendre une « ville intelligente », il fallait d’abord centraliser les données utiles (des horaires des collectes ménagères aux services des bibliothèques, par exemple) pour ensuite mettre au point des outils concrets.

Le développement intelligent

L’approche entrepreneuriale de Vivianne Gravel met toujours le besoin du citoyen et la facilité d’utilisation au premier plan. Car, comme l’entrepreneure l’a constaté, afin qu’une technologie entre dans les mœurs de façon durable, elle doit avoir un poids plus important que son implantation et répondre à des besoins réels.

Plateforme B-CITI sur téléphone

Ainsi, pour la plateforme B-CITI, elle a d’abord sondé les besoins de son premier client, la Ville de Brossard, puis elle a approché des chercheurs de l’École de technologie supérieure (ETS) afin de leur présenter la problématique. L’entrepreneure a investi dans l’idée un montant qui a été égalé par l’institution et, en l’espace de six mois, le projet était lancé. « Les villes ont vu le résultat, et je me suis mise à conclure un contrat après l’autre. Il était simple ensuite d’aller chercher du financement. » Cette approche collaborative avec les chercheurs, qui s’inscrit généralement dans le cadre de programmes de trois ans, est assez unique au pays. C’est, selon Vivianne Gravel, LA manière de travailler. « Au lieu de consacrer tout l’argent disponible à la recherche et au développement, on peut investir cet argent dans le démarrage d’un programme de recherche universitaire. Par la suite, cela permet d’aller chercher d’autre financement afin de multiplier la valeur d’un capital. L’entrepreneur peut ainsi éviter la dilution des fonds et créer un prototype viable. Les investisseurs, eux, sont sécurisés, et le tout offre une vitrine pour attirer d’autres clients. »

L’intelligence, oui, mais pour quoi faire?

« L’innovation, c’est comme une plante : il faut s’en occuper, lui donner de l’amour », explique Vivianne Gravel. Car, au-delà de l’innovation à proprement parler, il faut s’assurer que celle-ci sera suffisamment facile à intégrer et à utiliser pour être pérenne. « Si j’alourdis la tâche de la ville plutôt que de l’alléger, on va finir par abandonner la solution technologique. » En somme, il faut avoir une vision, souligne Vivianne Gravel; il faut proposer des solutions. « Quand on parle d’intelligence artificielle aux villes, ça ne leur dit pas grand-chose. Mais si l’on parle d’un système qui réduira de moitié les files d’attente, oui. Il faut se rappeler que c’est la technologie qui doit être au service de l’être humain, pas l’inverse. » Une grande partie du travail concerne ainsi la capacité à cibler un besoin très précis et d’y associer une technologie susceptible d’entrer dans les mœurs pour y répondre. Il suffit de penser au système de paiement à distance des parcomètres, qui est maintenant copié partout. Qui pourrait s’en passer aujourd’hui?

Une autre composante dont il faut tenir compte dans le domaine de l’intelligence artificielle, c’est l’éthique. 

« Il est impératif de créer une entreprise digne de confiance. L’intelligence artificielle existe grâce aux données : on ne doit donc pas faire n’importe quoi avec elles. Le citoyen doit avoir confiance dans l’organisation. »

Vivianne Gravel

Une croissance rapide

Dès son lancement, B-CITI a séduit les administrateurs urbains. Sa croissance a été si fulgurante que Vivianne Gravel a dû faire face à ses responsabilités et prendre du recul lorsqu’elle a constaté que l’architecture de son système comportait des failles en raison d’une équipe inexpérimentée. « Une entreprise, c’est vivant. Il faut la regarder et prendre les décisions rationnelles à un moment donné. Et il faut prendre les bonnes décisions rapidement, sinon cela insécurise les parties impliquées. Donc, mieux vaut ne pas tarder. Dans mon cas, j’ai dû remplacer un certain nombre d’employés inexpérimentés par des spécialistes plus chevronnés. »

Désormais implantée dans 15 villes, la plateforme B-CITI sera bientôt étoffée d’un premier assistant virtuel (chatbot) géolocalisé et capable de répondre à toute heure du jour aux citoyens. Un projet qui répond au désir premier de Vivianne Gravel : améliorer la vie des gens. « J’aime le défi intellectuel de mon travail. C’est complexe de lancer une technologie qui doit entrer dans les mœurs. Mais c’est extraordinaire de bâtir quelque chose qui nous passionne. »

L’entreprise en chiffres

  • 18 : le nombre d’années travaillées à titre d’entrepreneure par Vivianne Gravel
  • 25 : le nombre d’employés de B-CITI
  • 15 : le nombre de villes partenaires ou clientes à ce jour
     

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