Un rêve d’enfant devenu réalité
Le billet de Philippe Beauregard
L’ENTREPRISE FAMILIALE
Fils de producteurs maraîchers à Rougemont, en Montérégie, j’ai été élevé au fil des saisons entre les champs et le marché Jean-Talon, où l’on vend nos récoltes depuis quatre générations. Mes arrière-grands-parents pratiquaient l’agriculture de subsistance et vendaient leurs surplus aux commerçants. Mes grands-parents, eux, ont vendu leurs vaches pour se spécialiser dans la vente au détail. Finalement, mes parents ont, en moins de 20 ans, quadruplé la superficie de production de la ferme familiale. En 2018, Potager Mont-Rouge exploitait 162 hectares pour sa production maraîchère, comptait plus de 100 employés en haute saison et desservait sept points de vente au détail tout en approvisionnant les chaînes d’alimentation.
Notre ferme se spécialise dans la production de plus de 70 variétés de tomates, ce qui nous permet d’entretenir un lien étroit avec les communautés italiennes de l’agglomération montréalaise. En fait, mon grand-père a été le premier producteur de tomates italiennes au marché Jean-Talon. À la suite de la vague d’immigration italienne dans les années 1960, il a diversifié son offre pour satisfaire les besoins des cuisines italiennes en tomates Roma. Nous sommes donc très fiers de servir la troisième génération d’Italiens, en plus des foodies québécois!
UN PARCOURS ATYPIQUE
« J’ai toujours voulu reprendre les rênes de l’entreprise familiale. J’ai même des écrits qui remontent à mon album de finissants de l’école primaire et dans lesquels je dis vouloir faire comme mes parents. Toutefois, ma curiosité et mon audace m’ont poussé à sortir des sentiers battus pour parvenir à mes fins. »
Philippe Beauregard
À 21 ans, après avoir terminé une formation technique au cégep en génie mécanique et obtenu mon permis de conduire de classe 1, j’ai poursuivi mes études à l’Université McGill pour devenir agronome. Étudier en anglais m’est apparu comme un défi intéressant, et j’ai même effectué tous mes stages à l’étranger.
Les jeudis soir, au lieu de sortir avec mes amis, j’allais à la ferme pour faire les livraisons de nuit, et ce, même si les cours auxquels j’étais inscrit durant les sessions totalisaient plus de 18 crédits. Je ne pouvais pas avoir l’air plus fatigué que mes amis qui avaient fêté la veille!
En 2016, j’ai commencé un MBA en gestion d’entreprise à temps partiel, que je poursuis durant l’hiver, lorsque le travail sur la ferme est moins accaparant. Cet autre diplôme est pour moi un investissement, car je me sers des nouvelles connaissances que j’acquiers en les mettant immédiatement en application dans l’entreprise.
Des occasions à saisir
Malgré mon implication et mes responsabilités grandissantes au sein de l’entreprise familiale, j’ignorais à quel point la place que j’allais m’y tailler contribuerait à assurer la continuité de la tradition familiale. Au printemps 2016, un verger voisin était à vendre. La visite de la propriété́ et de la boutique champêtre m’a convaincu d’en faire l’acquisition! Suivant ma grande intuition, je me suis lancé dans l’aventure avec ma sœur. Ensemble, nous avons cofondé la division agrotouristique de l’entreprise familiale : Le Potager Mont-Rouge Halte Gourmande.
Ce site est une destination gourmande de choix pour s’approvisionner en fruits et légumes fraîchement cueillis et en produits du terroir, ou pour s’adonner à l’autocueillette de fraises, tomates, citrouilles… Les familles aiment beaucoup le trampoline géant, la balade en tracteur, la miniferme, le labyrinthe de maïs, et j’en passe.
Les défis
Lorsqu’on se lance dans les affaires et même si on pense avoir pensé à tout, les obstacles et les imprévus sont multiples et divers. Ayant loué le verger au printemps 2016, nous disposions de seulement quatre mois pour tout mettre en place avant la saison achalandée. Comme nous étions locataires jusqu’en septembre, l’appropriation et l’optimisation complète des lieux se sont poursuivies jusqu’en 2017.
Parallèlement à cette course contre la montre, ma sœur et partenaire d’affaires Marjolaine a souffert de complications durant sa grossesse. Je me suis donc retrouvé seul pour démarrer la Halte Gourmande pour la saison 2016. Néanmoins, nous avons affronté les aléas du démarrage de l’entreprise grâce à une communication et à une coordination exemplaires.
Je suis ainsi parvenu à clore les multiples dossiers administratifs de la transaction en plus de préparer la saison d’autocueillette de pommes qui approchait à grands pas. Pour ce faire, nous avons dû, dès l’achat du verger, embaucher plus de 18 personnes, rénover la boutique et les équipements qui avaient été négligés au fil des années, gérer les commandes avec les fournisseurs, promouvoir notre site agrotouristique… Dès la première saison, nous avons accueilli près de 400 véhicules par jour durant les fins de semaine de septembre à octobre, tout en coordonnant les ventes de courges en épicerie pour l’entreprise familiale. Nous n’avions aucune attente, mais le succès que nous avons remporté dans cette aventure invraisemblable nous a comblés!
Une troisième saison
Aujourd'hui, la famille et les deux entreprises se portent pour le mieux. Nous avons trouvé une vitesse de croisière malgré la croissance exponentielle de nos entreprises. Notre offre de produits transformés diversifiée garnit les murs de notre boutique et notre service à la clientèle se perfectionne de jour en jour. Selon moi, le plus beau cadeau que m’ait offert la création de la Halte Gourmande, c’est la possibilité d’acquérir de l’expérience et le capital nécessaire pour me permettre, à moyen terme, d’acquérir l’entreprise familiale!
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