Les Boîtes Mai: l’autonomie est dans la boîte

L’histoire de Louise Foglia et William Des Marais

Vendredi 21 août 2020
Étudiants, Louise Foglia et William Des Marais sont dans la jeune vingtaine et ont lancé leur projet entrepreneurial d’ensembles prêts à jardiner en pleine pandémie. Tour d’horizon de leur affaire florissante, aussi ambitieuse qu’inspirante.

Les deux têtes derrière la jeune entreprise des Boîtes Mai ne proviennent pas d’un domaine à proprement parler connexe à l’agriculture. William Des Marais étudie les questions internationales au Cégep du Vieux Montréal alors que Louise Foglia y suit un cursus double en arts visuels et en science biomédicale. Pourtant, les deux réfléchissaient ensemble depuis un moment déjà aux notions d’entrepreneuriat à retombées sociales et de souveraineté alimentaire. « En fait, nous aimons la recherche, mais nous croyons que l’entrepreneuriat permet de tester de manière concrète la théorie apprise à l’école, explique Louise Foglia. Il est intéressant de parler d’impact positif, mais ça prend son sens si ça existe réellement. »

Planter une graine

Kit MaiDès le début de la pandémie à la mi-avril, se souvient William Des Marais, l’équipe a observé dans ses réseaux et dans les médias un intérêt pour les potagers et les semis. « Nous avons donc eu l’idée d’aider ces personnes à concrétiser leur désir de se mettre au jardinage, et ce, de manière responsable », raconte le cofondateur. C’est ainsi qu’ont été créés les différents ensembles pour cultiver fines herbes et légumes, qui réunissent des semences et des produits locaux et écologiques (et biologiques dans le cas des graines) provenant de partenaires ravis de participer au projet. En trois semaines, l’équipe est passée de l’idéation à la réalisation d’une première vente. Les deux entrepreneurs ont travaillé d’arrache-pied pour fonder Les Boîtes Mai, l’inscrire au registre des entreprises, concevoir son site Web… et même la doter de son propre système de livraison!

Aidés par leur réseau et des mentors, les deux étudiants ont réussi à lancer leur entreprise, dont le modèle d’affaires offre une grande autonomie puisque toutes les tâches — du traitement des commandes à la livraison — sont assurées à l’interne. Ainsi, même s’ils ont dû relever certains défis logistiques (notamment la livraison de milliers de litres de terre), ils sont parvenus à livrer toutes les commandes dans les délais prescrits, à temps pour la saison estivale. C’est ainsi qu’en mai déjà, les premiers ensembles des Boîtes Mai étaient offerts au grand public. La réaction a été excellente dès le début. 

Les nouveaux entrepreneurs retiennent de leur expérience que l’important est de garder le cap, de focaliser sur le but initial, même si tout n’est pas parfait. Et si abattre autant de travail en aussi peu de temps peut être éreintant, on en retire une grande satisfaction dès lors que l’on constate que les efforts déployés portent leurs fruits.

« La COVID-19 nous a fourni l’élan nécessaire pour concrétiser ce projet que l’on mijotait. »

Louise Foglia

Voir fleurir

Accompagné par des étudiants en communication, le duo s’est octroyé, dans ses propres mots, « un espace d’apprentissage » afin de définir un plan de communication pour faire connaître l’entreprise. « Il y avait un certain défi lié au marketing, affirme Louise Foglia. Nous connaissons les jeunes, mais pour vendre nos produits, il fallait parler à une clientèle plus large, donc plus âgée que nous. Nous devions trouver la bonne façon de l’aborder ».

Louise Foglia et William Des Marais ont utilisé les réseaux sociaux et fait appel aux influenceurs et aux micro-influenceurs avec un certain succès, mais ils ont réussi une véritable percée grâce aux médias dits traditionnels. D’abord invités à participer à un segment de l’émission Salut bonjour à la mi-mai, les deux entrepreneurs ont reçu de multiples demandes des médias afin de raconter leurs motivations et la genèse du projet. Dès lors, la clientèle s’est mise à affluer de manière constante.

Penser la prochaine saison

Après avoir vendu plus de 600 produits (l’objectif initial était d’en vendre 100), l’équipe des Boîtes Mai réfléchit à la suite des choses. Chose certaine, elle a confirmé l’intérêt pressenti pour un produit qui facilite l’agriculture urbaine, et ce, au-delà de ses espérances. « Le succès des Boîtes Mai en dehors de l’île de Montréal nous prouve que l’autonomie alimentaire n’intéresse pas que les gens de la ville, indique Louise Foglia. Nous sommes fiers de voir que les gens de partout au Québec se sont sentis interpellés par la question, qu’elle n’est pas montréalocentriste. »

« Nous avons prouvé qu’il y avait un potentiel de croissance pour les Boîtes Mai, mais au-delà de ça, aussi pour l’idée de la production d’aliments à échelle individuelle, renchérit William Des Marais. Nous voyons cela comme un tremplin pour d’autres initiatives dans le domaine de la souveraineté alimentaire. »

Le défi actuel consiste à élaborer un modèle d’affaires qui lui permettrait d’accompagner la clientèle à l’année dans son jardinage à longueur d’année, plutôt que durant la belle saison seulement. L’équipe, composée des deux fondateurs de Boîtes Mai et d’une dizaine de collaborateurs à temps partiel, planche donc sur un projet qui pourrait être lancé cet automne.


Boîtes Mai en chiffres :

600 : le nombre de boîtes distribuées en 2020
6 : le nombre d’ensembles proposés
2 : le nombre d’employés officiels (en excluant les collaborateurs) de l’entreprise