Planchers Mercier: des bases solides pour atteindre le sommet

Lorsqu’elle était jeune, Marielle Mercier travaillait dans un magasin de vêtements haut de gamme. Du haut de ses 16 ans, elle a rapidement su gagner la confiance des propriétaires, qui lui ont spontanément remis les clés de la boutique. « Je travaillais pour celle-ci un peu comme si elle m’appartenait », raconte-t-elle.

Malgré cette propension naturelle à diriger, Marielle Mercier n’a amorcé son parcours entrepreneurial qu’après un saut au Mouvement Desjardins, à la fin de ses études en administration. C’est à ce moment que son père, Marcel, qui a fondé Planchers Mercier il y a plus de 40 ans, lui a demandé son aide pour la comptabilité. C’est ainsi qu’à 25 ans, elle a commencé à travailler dans l’entreprise familiale. Moins de dix plus tard, vers le milieu des années 1990, son frère Richard et elle devenaient associés dans l’entreprise et remplaçaient leur père à la direction de celle-ci.

Du rez-de-chaussée à l’étage supérieur

Lorsque le frère et la sœur ont pris la tête de l’entreprise, celle-ci était de petite taille seulement et son chiffre d’affaires n’était que de quelques millions de dollars. « Nous venions tout juste de relocaliser l’entreprise dans le parc industriel de Montmagny », se rappelle Marielle Mercier. En moins de quatre ans, la demande a explosé, à un point tel qu’ils ont dû la déménager à nouveau dans une bâtisse plus grande dans le secteur.

Un des premiers chantiers lancés par le duo Mercier consistait à informatiser l’entreprise, une étape importante qui peut sembler étrange à notre époque hautement technologique. L’avènement de l’informatique remonte à une époque pourtant pas si lointaine. « C’était complexe, car personne ne connaissait ça, raconte l’entrepreneure. Il fallait revoir tous les processus, notamment la production des paies, qui étaient alors faites à la main. » En plus de s’informatiser, Planchers Mercier a dû robotiser certaines tâches au fil du temps, notamment pour suppléer à la rareté de la main-d’œuvre dans le secteur.

Si Planchers Mercier pouvait compter sur des représentants pour vendre ses planchers, l’arrivée d’un directeur des ventes pour structurer l’équipe a marqué un autre jalon dans l’histoire de sa croissance. Le marché de l’entreprise, qui se limitait au départ au Québec, a été élargi à l’Ontario, puis aux États-Unis au début des années 1980. De nos jours, les ventes réalisées auprès des détaillants canadiens génèrent 75 % du chiffre d’affaires et celles enregistrées auprès des distributeurs américains, 25 %.

En 1995, Planchers Mercier s’est aussi associée avec Bois-Francs St-Charles, un fabricant de planchers en bois franc situé à Drummondville. « Après une intégration verticale des activités, nous avons finalement acquis l’entreprise lorsque les propriétaires ont dû la vendre, faute de relève », explique Marielle Mercier. L’usine de Drummondville compte aujourd’hui 225 employés, et celle de Montmagny, 75.

Si l’entreprise a évolué à vitesse grand V, le marché a fait de même. « À l’époque de mon père, Planchers Mercier proposait deux sortes de bois en trois couleurs, et nous avons surfé sur ces modèles-là pendant 15 ans, remarque l’entrepreneure. Maintenant, nous mettons en marché de nouveaux produits tous les trois mois. »

Le marché changeant beaucoup plus rapidement, il faut innover constamment. Marielle Mercier doute d’ailleurs que son père, aujourd’hui décédé, aurait aimé être à la tête de ce qu’est devenue l’entreprise qu’il a fondée. « Ce n’est pas l’entreprise qu’il a bâtie, affirme-t-elle. Il faut avoir beaucoup de temps devant soi pour entreprendre tout ce qui est à faire aujourd’hui, ça prend beaucoup d’énergie. »

Savoir passer le flambeau sans se retourner

La transition à la direction de Planchers Mercier s’est faite tout en douceur. « Mon frère et moi sommes loin d’être arrivés comme un cheveu sur la soupe, soutient-elle. Nous avions tous les deux travaillé avec la plupart des employés et, comme mon père prenait de moins en moins de place, les gens savaient déjà que nous allions prendre le relais. »

À cette époque, Planchers Mercier comptait une cinquantaine d’employés, dont trois seulement travaillaient dans les bureaux. « Lorsque mon père a quitté l’entreprise, nous étions jeunes, mais nous avions fait nos expériences. Ça ne nous a pas empêchés d’aller le consulter de temps à autre quand nous étions découragés, mais il nous laissait le champ libre. »

Marielle Mercier entend procéder de la même manière avec sa propre relève. « C’est important pour moi qu’ils mènent leur propre vie d’entrepreneur et qu’ils ne se sentent pas toujours dans notre ombre. » Elle prendra d’ailleurs sa retraite le 22 juin 2022. « C’est annoncé depuis trois ans, et nous organisons déjà tout pour notre relève. » Son frère Richard, qui est plus jeune, demeurera encore en poste quelques années. Le fils de l’entrepreneure, Jean-Philippe Dumas, prendra la tête des ventes et celui de son frère Richard Mercier, Sébastien Mercier, dirigera les opérations. Ceux-ci, qui évoluent depuis une dizaine d’années dans l’entreprise, ont suivi sensiblement le même parcours que leurs parents : ils ont accompli diverses tâches depuis leurs débuts, de sorte qu’ils connaissent bien tous les rouages de l’entreprise.

Dans les trois prochaines années, Planchers Mercier compte, entre autres, étendre davantage ses activités aux États-Unis et en Europe. « À moins d’une opportunité, aucune acquisition n’est prévue, l’entreprise étant assez performante pour poursuivre sa croissance dans les années à venir », souligne Marielle Mercier.

L’entreprise en chiffres

300 : le nombre total d’employés répartis dans les deux usines de Planchers Mercier
50 : le chiffre d’affaires en millions de dollars
75 : le pourcentage des ventes réalisées au Canada

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