L’Orpailleur : quand vignoble québécois rime avec succès
L’histoire de Charles-Henri de Coussergues
Le parcours de Charles-Henri de Coussergues rappelle celui du combattant. Au début de la vingtaine, il rêvait de suivre les traces de ses ancêtres pour devenir à son tour vigneron dans sa France natale. Malheureusement pour lui, l’Europe était alors aux prises avec un problème de surproduction de vin.
Son voisin de l’époque, Hervé Durand, souhaitait posséder un vignoble sur un autre continent. Il a eu l’idée d’envoyer le jeune et téméraire Charles-Henri de Coussergues en planter un sur une terre qu’il avait dénichée dans la municipalité québécoise de Dunham, dans les Cantons-de-l’Est. C’est ainsi qu’a débuté la longue aventure de ces deux voisins, devenus copropriétaires du Vignoble de l’Orpailleur.
Un rêve un peu fou
Charles-Henri de Coussergues n’était pas le premier à désirer concrétiser pareille idée. Or, les tentatives précédentes s’étaient toutes soldées par des échecs, les rigueurs de l’hiver québécois n’étant pas des plus simples à braver.
« À nos débuts, on a observé que les vignes mouraient dès que le mercure atteignait -25 °C. À force d’essais, on a fini par comprendre qu’il nous fallait planter le pied des vignes dans 50 cm de terre, là où la température n’est jamais inférieure à -7 °C. C’est ainsi qu’on a pu commencer à faire pousser nos vignes malgré le froid, et qu’on a pu démarrer L’Orpailleur. »
La bénédiction suprême
L’une des forces de Charles-Henri de Coussergues a été de savoir s’entourer dès le départ des meilleurs collaborateurs, c’est-à-dire de Pierre Rodrigue et de Frank Furtado, les autres copropriétaires de l’entreprise. Le premier apportait à l’équipe son expertise pour les questions juridiques (au début du projet, l’équipe a dû faire modifier la loi afin de pouvoir produire du raisin, le transformer et le vendre), tandis que le second, qui évoluait dans le milieu du spectacle, a fait connaître le vignoble à une foule d’artistes, lesquels ont contribué à lui donner une visibilité à leur tour.
Parmi ces artistes figurait Gilles Vigneault, qui est notamment l’idéateur du nom « L’Orpailleur ». Sur le site Web de l’entreprise, on trouve cette citation du poète québécois : « L’Orpailleur, c’est celui qui lave les alluvions aurifères pour en extraire, par temps, science et patience, les paillettes d’or qui s’y trouvent. C’est ainsi que pour la première fois au Québec, des viticulteurs ont mis science, patience et le temps qu’il fallait pour extraire de la terre québécoise un vin sec, unique en tous points, depuis un cépage ici planté et récolté, et son raisin vinifié au vignoble dans la meilleure tradition. »
Une notoriété établie
Sur une période de plus de 35 ans, Charles-Henri de Coussergues a mis sur le marché une dizaine de produits, à savoir des vins blancs, un vin rosé, un vin rouge et un vin de glace, dont ni la popularité ni la réputation ne se démentent. Le vin de glace L’Orpailleur et la Cuvée Natashquan, notamment, ont reçu des médailles d’or au concours Sélections mondiales.
Le vigneron se distingue également en invitant le public à visiter ses installations, qui comprennent le restaurant Le Tire-Bouchon et l’Économusée de la vigne et du vin. « Ça a toujours été vital pour moi de développer l’œnotourisme, de démocratiser la viticulture et d’accorder au client ce contact privilégié afin de lui permettre de comprendre ce qu’il consomme. »
Le temps précieux
Une visite sur le domaine permet de se familiariser avec tout le travail de recherche et de développement nécessaire à la création de chaque produit. « L’Orpailleur est un laboratoire! », explique l’homme d’affaires. Ce dernier voyage régulièrement (Suisse, États-Unis, vallée du Rhône, Colombie-Britannique, Ontario…) avec ses collègues de l’Association des vignerons du Québec, dont il est membre fondateur, afin de découvrir de nouveaux cépages à tester sur ses terres.
Lorsqu’il en trouve, il doit s’armer de patience, car il lui faudra attendre jusqu’à 10 ans pour déterminer s’il pourra en tirer quelque chose. « Il faut trois ou quatre ans avant que ça produise du raisin, puis quatre ans de plus, voire cinq, pour savoir si le résultat est bon. » Incidemment, il possède un champ expérimental, où il fait pousser en continu une quinzaine de variétés de cépages.
Un engouement grandissant
Celui qui compte lancer son premier vin entièrement fait de chardonnay l’hiver prochain entend en outre consacrer ses énergies, au cours des prochaines années, à renforcer la présence du vignoble dans ses marchés actuels (épiceries, commerce en ligne, restaurants, SAQ). Il ne se reposera pas sur ses lauriers pour autant puisqu’après tout, les produits québécois ne détiennent actuellement que 1,5 % des parts du marché. « C’est bien peu, d’autant que la demande est désormais plus forte que la production », remarque-t-il avant de conclure dans un enthousiasme contagieux qu’« après des débuts cahoteux, il est maintenant l’heure pour les vignerons québécois de se retrousser les manches! »
L’entreprise en chiffres :
22 : le nombre d’employés
37 : la superficie, en hectares, du domaine, qui « n’en faisait qu’un seul au début! »
300 000 : le nombre de bouteilles produites chaque année
250 : le nombre de tonnes de raisins récoltés annuellement
ENVIE D’EN SAVOIR PLUS?
Visitez le site Web de L’Orpailleur.