Mettre en scène son succès

L’histoire d’Hélène Demers

Vendredi 16 février 2018
Hélène Demers a transformé sa passion pour les arts de la scène en emploi, puis en entreprise. Aujourd’hui, Scène Éthique, l’entreprise qu’elle a fondée avec son conjoint Martin Ouellet, rayonne aux quatre coins du globe. 

La passion d’Hélène Demers pour le milieu du spectacle naît dans un théâtre de Val-d’Or, en Abitibi. À l’époque, la jeune femme dans la vingtaine s’implique au sein de l’équipe de techniciens avec qui elle monte des scènes et charge des camions. « Nous accueillions environ quarante tournées par année, se souvient-elle. C’est comme ça que je meublais mes soirs et mes fins de semaine, puisque je travaillais comme intervenante en éducation spécialisée le jour. » Son passe-temps la stimule au point où elle décide, après deux ans et demi de ce régime, d’en faire un emploi à temps plein.

De fil en aiguille, elle est promue directrice technique de la salle de spectacle, puis elle se lance comme technicienne de scène contractuelle et intègre les tournées au gré des occasions. C’est à ce moment qu’elle rencontre Martin Ouellet, qui deviendra plus tard son conjoint, le père de ses quatre enfants et son partenaire d’affaires.

« Dans la trentaine, nous avons eu l’idée de lancer notre propre entreprise quand nous avons constaté qu’il était difficile de bien vieillir dans le monde du spectacle en tant que pigiste. Il y a toujours des plus jeunes et des plus créatifs qui pourront te remplacer. »

Hélène Demers

Scène Éthique voit le jour en 1988. Elle est alors une agence de placement pour personnel de scène.

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AU SERVICE DES CRÉATEURS

Les débuts de l’entreprise sont laborieux. Les services qu’elle offre sont si pointus qu’il est difficile pour les propriétaires de trouver du financement. Plusieurs années sont nécessaires pour établir la crédibilité de l’agence. « Notre première marge de crédit, c’est la mère de Martin qui nous a permis de l’obtenir en contractant une hypothèque légale sur sa maison », raconte Hélène Demers. En 1995, Scène Éthique change de vocation et devient un atelier de conception et de fabrication de dispositifs scéniques et d’infrastructures de spectacles. « Martin est un bricoleur, c’est un talent naturel chez lui. Il comprend ce qu’est une scène et il sait comment l’améliorer, fait-elle valoir. Nous avons misé sur cette force. »

Leur premier gros contrat, qu’ils obtiennent pour l’Exposition universelle de Lisbonne en 1998, les propulse sur le devant de la scène. « Nous étions alors de jeunes parents, se souvient la mère de quatre enfants. Cela a été un grand soulagement pour nous de voir notre audace enfin récompensée. La famille, contrairement à ce que l’on peut penser, est une grande source de motivation et de dépassement de soi. »

Par la suite, les mandats s’enchaînent à un rythme croissant — ce qui est encore le cas. Aujourd’hui, la PME de Varennes rayonne aux quatre coins du globe grâce à des contrats avec des clients prestigieux comme le Cirque du Soleil, Robert Lepage et Céline Dion. On lui doit notamment l’imposante machine de 45 tonnes qui sert de décor mobile à L’Anneau du Nibelung, le cycle de quatre opéras de Wagner, présenté au Metropolitan Opera de New York. Plus près de nous, les luminaires de l’avenue Cartier, à Québec, sont signés Scène Éthique, de même que la toiture du nouvel auditorium extérieur de Wendake.

Malgré cette impressionnante liste de réalisations, dont 90 % peuvent être admirées ailleurs qu’au Québec, les propriétaires de Scène Éthique gardent la tête froide. Aux yeux des fondateurs, l’essentiel reste de repousser les limites de ce qu’ils croient faisable, peu importe les clients. « Nous nous faisons un point d’honneur de toujours dépasser les attentes du client », assure Hélène Demers. 

PASSER LE FLAMBEAU

À 55 ans, le couple sait que l’heure de la passation du flambeau approche à grands pas. C’est pourquoi il planifie depuis sept ans le transfert de Scène Éthique, une démarche qui l’a mené à trouver deux repreneurs potentiels : Alexandre Couillard, l’actuel directeur du service de dessin, et Guillaume Chayer, le directeur des opérations. « Tous deux travaillent chez nous depuis plusieurs années, souligne Hélène Demers. Le transfert doit s’amorcer cette année. » 

Un de leurs enfants, qui est âgé de 24 ans, travaille pour l’entreprise, mais il n’est pas question de lui en confier les rênes. Du moins, pas encore. « Il pourrait intégrer le cercle de direction dans le cadre d’une seconde vague de capital-actions, s’il démontre de l’intérêt bien sûr. Nous n’avons jamais imposé notre entreprise à nos enfants. Scène Éthique, c’est notre rêve, pas le leur », conclut-elle. 
 

SCÈNE ÉTHIQUE EN CHIFFRES

63 : le nombre d’employés

8 : le chiffre d’affaires en millions de dollars pour l’année 2017

4 180 : la superficie en mètres carrés des installations de Scène Éthique

2,4 : les millions de dollars alloués à l’ajout de 1 161 mètres carrés aux installations de l’entreprise en 2018
 

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