Kinova: humaniser la robotique
L’histoire de Charles Deguire
D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Charles Deguire s’est toujours intéressé à la mécanique des objets qui l’entourent : il démontait et remontait tout afin de comprendre le fonctionnement des choses. Il se montrait particulièrement curieux des nouveaux gadgets qui, année après année, permettaient à ses trois oncles atteints trois grand-oncles atteints d’amyotrophie spinale de type III (une maladie rare qui provoque la dégénérescence des muscles) de mieux s’adapter à leur environnement quotidien. « Quand j’allais en Gaspésie durant l’été, je découvrais chaque fois que mes oncles avaient trouvé des moyens ingénieux d’en faire un peu plus que l’année précédente grâce aux avancées technologiques », se rappelle-t-il. Il n’est donc pas étonnant qu’en grandissant, Charles Deguire se soit tourné vers la robotique, au point de créer une entreprise qui met la technologie au service de l’humain.
Kinova est le fruit du travail acharné de ce jeune entrepreneur passionné. Depuis 2006, l’entreprise québécoise révolutionne le monde de la robotique commerciale en mettant au point des solutions
d’assistance, comme des bras robotisés ultralégers et des manipulateurs mobiles, afin d’améliorer la qualité de vie des personnes à mobilité réduite. Le produit phare de l’entreprise est le bras robotisé JACO, qui se fixe à un fauteuil roulant motorisé afin d’assister une personne dont la mobilité du haut du corps est partiellement ou totalement limitée. Il s’utilise avec les mêmes contrôles que ceux du fauteuil, par exemple un levier de commande au menton ou au pied. « Notre objectif est de concevoir des outils robotisés qui permettront à l’humain de repousser ses limites et d’ouvrir de nouvelles possibilités », déclare le président et fondateur de Kinova, Charles Deguire.
Trouver les moyens à la hauteur de ses ambitions
Charles Deguire a étudié en génie électrique et en gestion de l’innovation, d’abord au Collège Lionel-Groulx, puis à l’École de technologie supérieure de Montréal. C’est d’ailleurs au cégep qu’il a fait la rencontre de Louis-Joseph Caron L’Écuyer, qui deviendra son partenaire d’affaires. « Nous étions convaincus de pouvoir trouver une solution capable de changer la vie des personnes en perte d’autonomie grâce aux mêmes moyens qu’on utilise dans d’autres domaines, comme l’exploration spatiale », raconte-t-il.
En l’espace d’un week-end, Charles Deguire et Louis-Joseph Caron L’Écuyer ont réalisé à l’ordinateur une simulation du bras robotique idéal qu’ils envisageaient de créer. Il leur faudra quatre années pour arriver à un résultat tangible. Les premières esquisses ont permis de créer des prototypes partiels, puis fonctionnels et complets. Après avoir peaufiné leur modèle en fonction des commentaires des utilisateurs, ils ont enfin produit une première version commercialisable de JACO en 2010. « Le jour où notre premier client aux Pays-Bas a reçu son bras robotisé et qu’il s’est nourri tout seul pour la première fois, c’est celui où nous sommes devenus de vrais entrepreneurs, affirme Charles Deguire. Jusque-là, nous vendions du rêve. Il nous aura fallu énormément de temps et de sacrifices pour en arriver là, mais nous nous sommes donnés complètement parce que nous y croyions. »
Bien comprendre la réalité des utilisateurs, un gage de succès
Charles Deguire et Louis-Joseph Caron L’Écuyer viennent tous deux de familles d’entrepreneurs. « Ma mère, mon père, mes oncles et mes tantes se sont tous lancés dans les affaires, souligne Charles Deguire — et mon oncle Jacques était un véritable inventeur. Au début des années 1990, il a lui-même conçu un bras manipulateur à partir de moteurs d’essuie-glace, de câbles de bicyclette et de pinces à hot-dog. Grâce à eux, j’ai compris que, pour bâtir une entreprise, il fallait apprendre vite. » Et les deux entrepreneurs continuent leur formation : ils participent à des concours d’entrepreneuriat afin d’obtenir du financement, font partie d’un réseau d’incubateurs et n’hésitent pas à retourner sur les bancs d’école afin de parfaire leurs connaissances.
« Même si nous ne connaissions pas tout de l’industrie de la robotique ou du milieu médical, nous saisissions bien la réalité des utilisateurs, nous étions à l’écoute de leurs besoins, constate Charles Deguire. Une compréhension profonde et sincère du client, c’est l’élément clé pour la réussite d’une entreprise. L’une de nos forces, c’est notre volonté constante de nous dépasser. Alors que plusieurs de nos concurrents offrent le même produit pendant dix ans, nous ne cessons jamais de travailler à l’amélioration des nôtres. »
Miser sur la multiplicité des marchés pour rester en tête de file
Au cours des prochaines années, Kinova compte poursuivre son expansion à l’échelle mondiale en s’attaquant à de nouveaux marchés. L’entreprise, qui possède toujours son siège social à Boisbriand, vient d’ouvrir des bureaux en Allemagne et en Chine, et compte également s’implanter aux États-Unis en 2019. Bien que le marché de la réadaptation soit en pleine croissance, il n’est responsable que du tiers des revenus actuels de Kinova. La robotique commerciale offre de nombreuses possibilités qui vont bien au-delà des solutions d’assistance aux personnes à mobilité réduite. Il suffit de penser aux outils robotisés pour les chirurgiens et le milieu de la recherche, ou encore aux solutions pour pallier la pénurie de main-d’œuvre dans les secteurs de l’agroalimentaire et de la fabrication de produits par exemple. « Nos activités dans ces secteurs nous permettent de mettre au point des technologies qui peuvent ensuite être appliquées à la réadaptation, explique Charles Deguire. Notre entreprise est financée par différents marchés plutôt qu’un seul, et c’est la raison pour laquelle nous gardons toujours une longueur d’avance sur la concurrence. »
Même si Kinova est encore une PME, Charles Deguire souhaite voir évoluer Kinova en poursuivant sa mission de proposer des solutions qui exploitent les dernières innovations technologiques pour rendre le monde meilleur. « Ce que nous voulons, c’est que Kinova reste un leader en matière de robotique commerciale, qu’elle continue de croître et qu’elle nous survive. »
Kinova en chiffres
16 : le nombre de mouvements que peut effectuer le robot d’assistance JACO afin d’imiter le bras humain
40 : le nombre de pays dans lesquels Kinova distribue ses produits
243 : le nombre d’employés de Kinova
500 : le nombre de partenariats internationaux conclus pour la recherche
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