Do Sport: une entreprise en vogue
L’histoire de Dominique Vallée
De 1998 à 2012, Dominique Vallée a parcouru le monde pour représenter le Canada au sein de l’équipe nationale de planche à voile. Que ce soit sur l’eau ou sur la neige, les sports de glisse ont toujours fait partie de son quotidien. Elle a ajouté la planche à pagaie à son programme d’entraînement après en avoir fait la découverte en 2007. À cette époque, le sport gagnait en popularité, mais il demeurait relativement méconnu au Québec. C’est ce qui a incité Dominique Vallée à enseigner la pratique aussi bien récréative que sportive de la planche à pagaie.
Se mouiller
Kinésiologie de formation, Dominique Vallée voyait dans l’enseignement de la planche à pagaie la suite logique de son parcours d’athlète et de thérapeute du sport. Elle a mandaté une amie, qui travaillait dans le milieu du jouet en Asie, pour visiter des usines de planches et pour lui commander une douzaine de planches pour l’été 2012.
Au début, l’entrepreneure a déployé beaucoup d’énergie dans l’enseignement de ce nouveau sport. Elle a tôt fait de constater l’enthousiasme des nouveaux adeptes, qui ont rapidement désiré se procurer leurs propres planches. C’est ce qui a incité Dominique Vallée à se lancer dans la conception de planches, gonflables ou rigides, qu’elle ferait ensuite produire outre-mer.
Les années passées en compétition et à la direction du Club Multivoile 4 saisons à Trois-Rivières ont fait de l’athlète une excellente réparatrice de planches et une grande connaisseuse des matériaux. « En fait, quand je me suis mise à fabriquer du neuf, c’était presque simple », remarque Dominique Vallée.
Le modèle d’affaires de l’entreprise était satisfaisant jusqu’à ce que celle-ci reçoive, en 2015, un lot de planches, dont 75 % présentaient des imperfections sur le plan esthétique et des défauts de fabrication. « Do Sport fait référence à mon nom, Dominique, souligne l’entrepreneure. Je ne pouvais pas me permettre de livrer ces planches imparfaites à mes détaillants. »
L’athlète trifluvienne s’est donc mise à envisager la possibilité de fabriquer ses propres produits. Avant même d’avoir arrêté sa décision, elle a été contactée par Radio-Canada qui avait eu vent de la possibilité qu’elle déménage la production au pays. Il n’en fallait pas plus pour convaincre l’athlète. « Si les Chinois pouvaient le faire, moi aussi, j’en étais capable. »
Se lancer
Les débuts de la production ont été houleux. La machine destinée à découper la mousse selon les dessins soumis s’est brisée dans le transport. Cette machine, la seule impliquée dans la fabrication artisanale des planches, a empêché l’entreprise de fournir les produits aux détaillants la première année, malgré plusieurs tentatives pour trouver des solutions de rechange pour le procédé de fabrication.
Si les planches gonflables sont encore aujourd’hui importées d’Asie, l’actionnaire unique de Do Sport a pourtant toujours cru en l’importance de produire les planches en composite au Québec afin d’offrir des produits qui reflètent ses valeurs. « Je voulais que les planches soient fabriquées ici pour des raisons de contrôle de la qualité et par souci environnemental, oui, mais également pour le côté plus créatif. Je peux tester chaque amélioration rapidement et rajuster le tir si je le veux. En commandant ailleurs, il faut prendre ce que l’on reçoit et vendre cela. »
En 2017, l’entreprise a finalement pu livrer ses premières planches et a commencé à les publiciser lors d’événements spécialisés. Elle a également négocié divers partenariats avec des écoles de sports afin de promouvoir ses planches auprès des intéressés en leur permettant de les tester.
Toujours très active dans les activités de développement tant auprès des détaillants que des écoles, la fondatrice de Do Sport a également ouvert, en 2020, le Centre Do Sport à Trois-Rivières. On y propose de l’équipement pour la planche à pagaie, le surf, le kayak et surf sur sillage (wakesurf en anglais), de même que des formations diverses. Sur la table à dessin de Do Sport, on trouve toujours des nouveautés afin de répondre à tous les besoins. C’est ainsi que l’entreprise a mis au point en 2019 une planche à pagaie adaptée aux personnes en fauteuil roulant.
Surfer sur la vague
Au printemps 2020, quand la crise de la COVID-19 a stoppé pratiquement tous les secteurs d’activité, Dominique Vallée avoue avoir eu peur. Elle s’est retrouvée seule à l’atelier afin d’honorer les commandes reçues, mais elle ignorait de quoi serait fait l’avenir. « Les deux, trois premières semaines, rien ne bougeait, se rappelle-t-elle, mais après, c’est reparti en trombe. Nous n’avons jamais autant travaillé. L’entreprise, qui en est à sa cinquième année, était, je crois, assez mature pour faire face à la situation. »
Les détaillants, encore frileux, n’ont pas encore fait exploser le carnet de commandes de Do Sport, mais les consommateurs, eux, étaient au rendez-vous. Les ventes directes et les contrats d’alliance de marques ont ainsi fait fondre les stocks de Do Sport au début de l’été 2020. Dominique Vallée attribue une partie de ce succès à la conscientisation accrue des consommateurs, qui comprennent l’importance d’acheter des produits locaux. En fait, d’après elle, le premier message lancé par le gouvernement en ce sens a eu un effet immédiat sur les ventes et sur l’activité dans les réseaux sociaux. « La crise a augmenté l’intérêt pour les produits de qualité fabriqués ici, et nos planches sont vraiment des œuvres d’art, affirme sans fausse modestie l’entrepreneure. Les gens le reconnaissent. Je pressentais qu’un jour les consommateurs seraient prêts à modifier leurs habitudes de consommation, mais je ne savais pas quand. Maintenant, il faut gérer la croissance et faire preuve de patience pour procéder graduellement. C’est un beau défi quand on provient du monde de la compétition! »
Do Sport en chiffres
Moins de dix : le nombre de personnes qui formaient l’équipe Do Sport à l’été 2020
Plus de 20 : le nombre de modèles de planches à pagaie proposés, sans compter les planches personnalisables
Près de 40 : le nombre de produits offerts