Les Aliments Sibon: la tradition comme tremplin
L’histoire de 4 entrepreneurs
Pour plusieurs, le fait d’avoir une jeune famille serait une raison suffisante pour mettre en veilleuse ses ambitions entrepreneuriales.
Pas pour Stéphanie David et François Woods, ni pour Amélie Léger et Didier Pageon ; les deux couples ont chacun trois enfants en bas âge.
ls se sont associés en 2014 pour relancer les Aliments Sibon. Deux ans plus tard, l’entreprise se démarque avec des produits innovateurs et un positionnement enviable à l’international.
Le facteur famille
Stéphanie et François, tous deux diplômés en administration, songeaient depuis longtemps à se lancer en affaires. Mais c’est à la naissance de leur troisième enfant que le projet s’est concrétisé.
« On a profité du congé parental de François pour intensifier nos recherches d’entreprise, explique Stéphanie David. On désirait acheter une entreprise existante, qu’on pourrait faire grandir... »
Craignaient-ils de se lancer dans l’aventure avec des enfants si jeunes ? Le regrettent-ils aujourd’hui ? Aucunement. « C’est sûr que ça demande de l’organisation, concède Stéphanie. Mais en même temps, ça nous pousse à être plus efficaces pendant les heures de travail. »
Dès le départ, le couple cherchait une entreprise de transformation alimentaire, un secteur où ils cumulaient une longue expérience professionnelle. Ils ont parlé de leur projet à un couple d’amis issu de la restauration : Amélie et Didier, emballés, se sont finalement joints à l’aventure.
Le défi de la relance
L’entreprise sur laquelle le quatuor jette son dévolu est en fait la fusion de deux entreprises : Les Aliments Sibon, une petite production de miel de Saint-Narcisse acquise en 2006 par un couple de Verdun, et les sauces Délices d’Autrefois, acquise 2 ans plus tard par le même couple.
Quand les quatre associés s’intéressent aux Aliments Sibon, l’entreprise compte alors une quarantaine d’employés répartis dans deux usines à Terrebonne. Les finances sont en ordre, et la marque Délices d’Autrefois jouit d’une excellente distribution.
Mais le défi n’est pas gagné d’avance : « Pour obtenir le financement, explique Stéphanie David, il fallait démontrer aux investisseurs que nous pouvions faire croître l’entreprise et l’amener à un autre niveau. Nous voulions innover, tout en préservant son héritage. »
Pour cela, les quatre entrepreneurs doivent faire des choix. « Nous nous sommes rapidement rendu compte que nous ne pouvions pas faire la promotion de tous nos produits de façon égale. L’idée de créer un produit phare s’est alors imposée », raconte Stéphanie David.
Le quatuor a donc puisé à même le folklore et les traditions pour créer un produit innovateur et rafraîchissant : l’eau d’érable « Necta », un produit certifié bio qui a trouvé preneur au Canada, en Europe, en Australie et au Japon, où les produits de l’érable ont la cote.
Le secret de leur succès : planification et préparation
Quand Stéphanie David raconte la petite histoire des Aliments Sibon, version 2014, on sent qu’aucune étape du projet n’a été laissée au hasard. La recherche, le rachat et la relance de l’entreprise ont été faits dans les règles de l’art, avec un grand souci de planification et de préparation.
« Se lancer en affaires est angoissant, dit l’entrepreneure. Mais quand on a un plan et une vision, on comprend ce qu’on fait et on a moins peur. »
Afin d’obtenir du financement auprès d’une institution financière, ils ont dû passer par l’incontournable étape de la vérification diligente (due diligence), qui a été plus longue que prévu, avoue Stéphanie David. Mais c’était important pour eux de bien faire leurs devoirs.
La prise de contrôle de l’usine a aussi fait l’objet du même soin : « Il fallait gagner la confiance des employés, qui étaient attachés aux anciens propriétaires, dit Stéphanie David. On a pris soin de planifier notre première journée avec eux afin de partir du bon pied. »
Innover intelligemment
Quand Les Aliments Sibon se fait offrir par Métro de créer une gamme exclusive de sauces pour pâtes à base de légumes difformes (pour contrer le gaspillage alimentaire), les associés n’ont pas dit oui d’emblée. « Le délai était très court… six mois, raconte l’entrepreneure. On a commencé par évaluer si on avait la capacité de livrer le produit à temps. »
Le défi était grand : « On devait trouver un producteur maraîcher pouvant nous approvisionner en légumes difformes, ce qui ne court pas les rues ! Puis, on a dû revenir à une coupe artisanale, car la chaîne de production n’était pas adaptée aux légumes difformes. »
En fin de compte, c’est en alliant traditions et innovation que les quatre entrepreneurs ont pu relever le défi avec brio et lancer un second produit phare : les sauces « Kitchen Lab ». Avec ce nom et ce concept accrocheur, Aliments Sibon a maintenant toutes les clés pour rayonner hors Québec.